mardi 8 juin 2010

Sauver la raffinerie Shell? Oui, question de grappe.


Pourquoi? Parce qu'il s'agit d'une usine qui s'imbrique dans plusieurs industries de Montréal. La grappe des industries pétro-chimique et plasturgique en souffrirait.

L'industrie pétrochimique et plasturgique de Montréal est plus importante que ne laisse voir une analyse sommaire. Il est difficile de chiffrer l'impact du départ des raffineries, mais je crois qu'il serait plus que non-négligeable.

Bien que la grande majorité de la production d'une raffinerie sert à faire du pétrole pour faire rouler nos bagnoles, les raffineries montréalaises jouent un rôle clé pour des centaines d'entreprises de fabrication de la métropole. Je réfère à une carte de la Communauté Métropolitaine de Montréal, produite en 2005. On y voit une industrie éparpillée partout sur l'île de Montréal et sur la Rive-Sud. Des dizaines de milliers d'emplois sont liés à fabrication de produits chimiques et plastiques, souvent à partir d'autres produits du pétrole raffinés ici à Montréal. Cette toile de producteurs interdépendants serait grandement fragilisée par le départ d'une raffinerie.

Bref, en plus du chômage technologique à la raffinerie Shell, on pourrait s'attendre à du chômage structurel dans l'industrie pétro-chimico-plasturgique de Montréal.

La raison pour laquelle Shell veut quitter Montréal est simple: de nouveaux procédés permettent de construire des usines plus grandes. Plus de tuyaux, moins de travailleurs.

Et tant qu'à construire des méga-usines, le calcul du transport a été inversé. Vaudrait mieux dorénavant raffiner près du puits, et non plus à proximité du marché comme c'était la méthode jusqu'à présent.

Ce phénomène existe partout dans l'économie. C'est l'innovation de procédé. Le but: réduire les coûts. L'avantage: produire plus efficacement.

Le désavantage: le chômage technologique.

C'est pas rien. Lorsque des hommes et des femmes sont remplacés par des robots, ou une usine encore plus gargantuesque, c'est pas facile à accepter. Mais c'est la loi du marché et heureusement, notre économie s'en remet plus souvent qu'autrement.

Ceci dit, je crois qu'il faut quand même militer pour un sauvetage de cette raffinerie. Les arguments de base ont été souvent répétés ces dernières semaines:
  • Le Québec importe massivement du pétrole, aussi bien en tirer quelques emplois
  • Les 2 raffineries de Montréal-Est sont interdépendantes
  • 500 emplois, c'est beaucoup trop à perdre.
Donc, malgré la fatalité de l'innovation de procédé et du chômage technologique, il serait maladroit de laisser ce grand employeur démanteler son usine de Montréal-Est.