mardi 21 décembre 2004

De la démocracie des brevets

Selon une étude récente, les États-Unis sont devenus dans les années 1800 catalyseurs du changement technologique grâce à un système de brevets ultra-démocratique.

L'étude est publiée par le National Bureau of Economic Research de Boston. On peut l'acheter moyennant 5$ ICI.

Les auteurs B. Zorina Khan et Kenneth L. Sokoloff trouvent que l'arrivée d'un régime de brevets abordable et facile à utiliser a permis à plusieurs inventeurs sérieux de jouir de leur génie. De plus, la variété, diversité et l'importance des inventions a augmenté. On brevète dans plus d'industries et ça enrichit des pauvres.

Pour ce faire, ils ont analysé un échantillon d'inventeurs américains réputés, actifs entre 1790 et 1930, avec leurs biographies détaillées et leur inventions brevetées. Ils estiment que les pays pauvres devraient s'inspirer du modèle.

Personnellement, je crois que le conseil est raisonnable. Les brevets permettent de démocratiser l'innovation. Sans un régime de brevet, seule une minorité réussit à tirer profit de son invention puisqu'on va le copier sur le champ. Seuls les fortunés et les industries qui jouissent d'un secret industriel efficace échappent à la règle.

Cependant, avec le temps, certains pays se spécialisent et empêchent les autres pays de produire certains biens. Par exemple, il est presque impossible de mettre sur pied une industrie d'appareils électronique au Canada.

En rédigeant mon mémoire de maîtrise, j'ai trouvé que bon an, mal an, Sony brevète au Canada plus que toutes les entreprises du Québec. Les brevets ont une durée de vingt ans. Lorsqu'ils arrivent à échéance, il n'est d'aucun intérêt de se lancer dans la production parce que la technologie est désuette.

Bref, les pays pauvres doivent savoir qu'en adoptant un système de brevets, vaut mieux qu'il soit accessible au commun des mortels. Mais du coup, ils se nient l'incubation d'industries de haute technologie. Le rattrapage est difficile. Au Canada, on pourrait ne jamais y arriver.