vendredi 19 décembre 2014

Pourquoi l'économie réelle n'arrive-t-elle pas à rejoindre son plein potentiel?

Le PIB potentiel est LE concept clé de la macroéconomique. Il est assez simple, mais il est plutôt occulté au Canada des discussions économiques dans nos médias.

Quand on regarde le niveau de production du pays, il faut toujours le comparer à un étalon, c'est à dire au niveau de production idéal, ou potentiel de l'économie. Si l'économie croît c'est bien, mais a-t-elle quand même besoin d'un coup de pouce? Ça dépend de l'écart avec son niveau potentiel...







Merci au PBO à Ottawa pour les données, le bureau du Directeur Parlementaire du Budget. Il a fallu que je les demande, car les chiffres du potentiel ne sont pas publiés sur les sites web de la Banque du Canada, ni du Parlement (qui produit cet estimé si important).


Ce graphique indique clairement que l'économie canadienne n'arrive pas à atteindre son plein potentiel économique. Même en 2013, après trois années de croissance économique, même après avoir dépassé l'ancien pic du PIB de 2008, l'économie ne croît pas assez vite pour atteindre son potentiel.

Deux questions:

A) Pourquoi le potentiel grandit-il constamment?

En bref: les robots et l'immigration. En général, nos producteurs ne réduisent pas leurs efforts de réduction des coûts de production et de distribution, même en temps de récession. Ceci implique des investissements relativement constants en machinerie, en automates, en informatique, et en procédés de toutes sortes qui améliorent la capacité de production de l'économie de façon continue. De plus, le Canada a une politique d'immigration accueillante (en j'en suis fort heureux) qui nous aide à faire croître la population active du marché du travail du pays.

B) Peut-on espérer que le PIB réel dépasse le potentiel?

Qui sait? Nos prédictions sont aussi valides que la météo pour les vacances de la construction de juillet 2015.

Ceci dit, la baisse soudaine et semble-t-il soutenue du prix de l'essence aura un impact favorable sur les prix à la consommation des Canadiens. Les prix baisseront pour les aliments (transportés en camions), des biens fabriqués ici, ou importés (transportés en bateaux, en trains et en camions), ainsi que l'essence évidemment. Le revenu disponible ainsi généré pourrait gonfler notre PIB réel, s'il est dépensé sur des biens et services du Canada.

En termes un peu techniques, il ne s'agit pas de dépenser plus, mais d'en avoir plus pour notre argent. Du coup, on devrait voire une plus grande quantité agrégée demandée, en réaction à un environnement de prix plus faibles. En théorie, on devrait s'attendre à des pénuries modérées dans certains marchés, ce qui pourrait inciter les producteurs à accélérer leur cadence.

Cette déflation peut-elle détruire l'économie?

Ça dépend des investisseurs. S'ils craignent une déflation soutenue, ça peut nuire. Mais il faudra voir.

Les chiffres du potentiel pour 2014 seront disponibles au printemps, lorsque le Parlement débattra du prochain budget.

Désolé pour ceux qui veulent des réponses plus nettes, c'est trop me demander!

lundi 14 avril 2014

Les Boomers font du Québec une économie de rentiers, au grand dam du PQ

Le Québec devient une économie de rentiers, et le premier à en souffrir est le Parti Québécois.

En boutade, j'ai lancé à des amis que le Parti Québécois est né du bébé-boom, et qu'il sera tué par le bébé-boom. C'est pas la faute au parti.

C'est la mentalité des boomers.

Ils ont inventé Hydro-Québec, les cégeps, l'université du Québec, la fonction publique, la SAAQ, le jet régional... mais là c'est fini les nouveautés. Parce qu'ils l'ont décidé. On en a assez fait.

Ancienne ministre péquiste notoire, Louise Harel n'en peut plus de cette attitute. Elle tweet son désenchantement...





Je ne suis pas stratège politique. Mais il est clair, pour mes yeux d'économiste, que la démographie a un grand rôle à jouer dans ces dernières élections, et pour l'avenir économique du Québec.

Avec son bébé-boom massif, le 2e au monde après le Japon, le Québec subit maintenant le conservatisme qui accompagne généralement la vieillesse. Qu'on soit de droite ou de gauche, souverainiste ou fédéraliste, vert ou brun, athée ou religieux, on ne peut qu'admettre que l'époque des grandes révoltes, des grands chamboulements, des grandes réformes, est dernière nous.

Les Boomers prennent leur retraite. Même s'ils croient que le Canada est un grand malade, ils veulent des maisons dont les valeurs ne pourront être dévaluées par un référendum. Leur retraite en dépend.

Je les comprends. Moi-même j'ai une maison qui pourrait perdre de la valeur.

Il faut une sacrée lame de fond pour refaire la fondation des institutions politiques d'une société. D'autant quand on affront l'Empire Britannique de connivence avec les États-Unis. On ne s'y lance pas si l'échec est probable. Les Boomers savent bien que la "fenêtre" historique est passée. C'est une question de chiffres.

Le Québec francophone devient une économie de rentiers, pour la première fois de son histoire. C'est un bien pour un mal, un beau problème plutôt que la misère d'antan. Mais c'est la fin des grandes envolées... En tout cas, tant que les Boomers seront au pouvoir. La santé, les rentes. Le reste, on s'en fout.

Or, la jeunesse a besoin de bons emplois, d'une économie que se développe, qui invente, qui se renouvelle, qui crée. Le capital des Boomers pourra-t-il prendre les risques nécessaires à notre croissance économique? Dans ce contexte, quel gouvernement saura à la fois séduire les Boomers, et gouverner pour tous?