mercredi 13 septembre 2006

Tireur fou à Dawson

Après avoir passé quelques longues minutes, tout au long de la journée, à voir ces événements horribles se dérouler à la télé, je ne peux m'empêcher que de penser à ce qui pouvait bien motiver ce jeune homme, dont on connaîtra sans doute l'identité dans les prochaines heures, à ouvrir le feu dans une cafétéria du Collège Dawson.

Bien sûr, nous avons tous détesté, à un moment ou un autre, l'expérience de l'école secondaire ou du cégep. On a eu des instants de dégoût pour la superficialité de certaines personnes et la dynamique de groupes de masse, et ses inévitables clans. Mais ce ne serait pas une explication. À ce que je sache, Dawson n'était pas un nid de vipères où régnait le taxage et l'intimidation...

Mais qu'avait-il en tête?

vendredi 8 septembre 2006

La valorisation de la recherche sera-t-elle un jour rentable?

Cette semaine, le journal LES AFFAIRES publie un dossier sur la Valorisation de la recherche dans lequel je signe quelques textes. La question primordiale demeure le fait que le gouvernement du Québec doit encore et toujours financer des organismes de valorisation de technologies issues des universités, alors qu'elles ont toutes au moins cinq annnées d'existance.

(L'article n'est pas disponible sur le web, il faut lire la copie papier)

Un lecteur me fait remarquer un point très valide par courriel qui va directement dans le sens du propos de M. Camille Limoges, cité dans mon article.

Sylvain Durocher, Analyste technique des affaires, de l'Institut canadien de l'information scientifique et technique à Boucherville, m'écrit « L’espoir ou l’objectif d’atteindre l’autofinancement à court terme des quatre sociétés de valorisation tient tout simplement d’un manque total de connaissance et de compréhension du domaine de l’innovation technologique et de sa dynamique. L’innovation est une course de fond, pas un sprint. »

Ma réflexion personnelle: la valorisation est un travail passionnant qui permet d'espérer de grandes retombées professionnelles pour les chercheurs impliqués. La valeur économique de leurs innovations tend à nous décevoir, mais c'est bien là le travail de l'université, soit de trouver ce que le marché ne pourrait même pas commencer à chercher. Nécessairement, la rentabilité est plus difficile.

Ceci dit, l'innovation selon moi est un phénomène plus large que celle qu'on espère des universités. Si, pendant longtemps, nous avons collectivement misé nos billes sur une économie de ressources, à faible valeur ajoutée, ça a été une erreur. Mais l'innovation qu'il nous faut pour construire une économie à haute valeur ajoutée peut -- et doit -- venir de partout, même des 'shops' où on ne trouve pas d'ingénieurs. Et parfois, c'est justement cette innovation-là qui est la plus rentable, à la fois socialement et commercialement.

mercredi 23 août 2006

À quand l'éolienne urbaine?

Je pose une question, à quand l'éolienne en milieu urbain? Je me désole de la réponse qui m'est fournie par mon centre personnel d'analyse politico-technique...

Ben oui, les éoliennes ont trouvé leur place sur les tablettes de Canadian Tire. Mais cette éolienne produit peu d'électricité pour le prix. Et la plupart des propriétaires de maisons de banlieue rechigneront à installer une tour suffisamment haute pour maximiser son efficacité. Car si jamais elle tombe, ce sera dans la piscine du troisième voisin!

L'autre possibilité serait d'installer de massives éoliennes sur les édifices ou dans les parcs de stationnement. Mais quel gestionnaire immobilier voudrait faire ça quand l'électricité de Hydro-Québec coûte si peu cher?

lundi 29 mai 2006

La grève du transport en commun coute 10 M$ à l'économie de Toronto

Les charmants Torontois ont compris ce matin - ils le savaient sans doute déjà - quel était le coût du transport en commun pour l'économie.

Pour ceux qui en doutaient, le Globe and Mail (http://makeashorterlink.com/?F11E25E2D) a pris la peine de demander à un économiste de la TD de le chiffrer. Son calcul: 10 M$ pour la seule journée de lundi.

Bien sûr, il y a des bémols... Si la grève est plus longue, les gens s'organisent autrement. Et les taxis en ont bien profité.

Il faut dire que Toronto est la locomotive du train économique canadien. Si le centre-ville est le four qui produit la vapeur et fait tourner les roues, les travailleurs sont le charbon et le train de banlieue est la pelle qui fournit le charbon.

Or, la pelle a décidé ce matin de ne plus fournir en charbon.

Ce qu'il y a d'amusant c'est que s'il y a une ville au Canada où tout a un prix, c'est bien la Ville-Reine. Alors, oui, le transport en commun a un prix pour l'économie. Je trouve ça plate pour les entreprises et les travailleurs qui se sont retrouvés obligés de marcher, de prendre un taxi, ou de manquer une journée de travail. Mais de pouvoir chiffrer la valeur d'un bien public, et d'en mesurer l'impact réel sur ceux qui forment l'opinion publique... c'est quand même intéressant.

Reste à prouver aux élus qu'un dollar investit dans les trains, les métros et les autobus vaut beaucoup plus que celui qui sert à élargir les autoroutes.

vendredi 5 mai 2006

Jane Jacobs mérite un prix Nobel

Lorsque j'ai appris que Jane Jacobs était décédée, la semaine dernière, je n'étais pas surpris de voir que la presse montréalaise n'a daigné que souligner l'événement comme un fait divers.

Bien que je n'en étais pas surpris, cette minime couverture m'a attristée. Mme Jacobs était pour moi un véritable maître à penser. J'ai dévoré tous ses livres, surtout The Economy of Cities. C'est grâce à elle si je me suis rendu compte qu'une économie tient essentiellement à ses villes.

Que l'architecture peut jouer un rôle pour augmenter l'innovation, du moins multiplier les occasions de mise en marché.

Que les cycles du compte courant métropolitain peuvent largement différer des flux internationaux des régions ressources ou de production manufacturière.

Que les villes dynamiques se nourrissent les unes des autres, ce qui crée encore plus de richesse.

Que toute cette richesse sert souvent à créer des empires.

Que chaque ville devrait avoir sa propre monnaie.

Que la diversité industrielle est condition nécessaire à l'innovation à grande échelle.

Que malgré toutes les conditions nécessaires à la croissance d'une ville, il en demeure qu'il n'existe pas de conditions suffisantes. Il reste une part de mystère à savoir pourquoi certaines villes croissent, et d'autres non.

Je pourrais continuer.

Ces idées sont absolument importantes pour le développement économique, pour l'innovation, pour la résolution de problèmes urbains, tels que la congestion et la pollution.

Je sais bien que la Banque centrale de Suède ne lui remettra jamais un de ses faux nobels. Mais elle en mérite un quand même. La journaliste du New York Times a fait ce que personne ne pouvait. Elle nous a expliqué le fonctionnement des villes. Et c'est à la base, une fascinante question d'économie.

dimanche 15 janvier 2006

Valoriser les valorisateurs

Le Bulletin Repères RSTI du ministère de Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation que ce dernier a rendu public le Rapport du Groupe de travail sur la valorisation des résultats de la recherche.

On parle bien sûr d'un document qui doit aider le gouvernement Charest à mieux définir son implication quant à la commercialisation des découvertes scientifiques et inventions de chercheurs universitaires.

Le rapport suggère une série d'objectifs que devrait viser le gouvernement.

1) renforcer le système d’innovation pour une meilleure performance en valorisation;
2) accélérer le développement de technologies à haut potentiel commercial;
3) assurer une gouvernance efficace des infrastructures et des programmes de soutien à la valorisation;
4) permettre aux universités en région d’accroître leur impact économique;
5) favoriser le transfert de technologies vers les PME québécoises;
6) créer un maillage exemplaire des intervenants en valorisation entre eux ainsi qu’avec les partenaires financiers, industriels et commerciaux.

Ces bonnes intentions ne nous disent toujours pas ce que va faire le gouvernement. Pour l'instant, l'organisme Valorisation Recherche Québec ne sait pas si son mandat sera renouvelé après sa fin prévue au printemps 2006.

Plusieurs capitaux-risqueurs - du secteur privé -, par exemple, estiment que c'en est assez et que Charest devrait laisser tomber la hache sur VRQ, dont l'administration serait trop lourde. Pour assurer sa survie, il faudrait renflouer VRQ avec de nouveaux millions. VRQ a quatre filiales qui se partagent les différentes universités du Québec. Une des plus dynamiques, MSBI (McGill Sherbrooke Bishops) a réalisé récemment un placement privé dans la boîte d'appareils médicaux Resonant Medical de Sherbrooke.

Rappelons que le gouvernement achève à peine sa restructuration du capital-risque public. La SGF et la Caisse commencent à peine à réinvestir dans les petites entreprises techno, Innovatech a été vendue et les fonds FIER n'ont pas encore réalisé leurs premiers investissements.

Ceci dit, plusieurs fonds privés canadiens et américains s'intéressent à Montréal et à notre science. Mais il se dégage aussi un consensus comme quoi les universitaires sont nuls en affaires. Les capitaux-risqueurs estiment qu'ils devraient s'en tenir à la recherche.

Bref, le rapport ne dit pas où s'en va Charest. Il faudra suivre l'histoire de près.