Lorsque j'ai appris que Jane Jacobs était décédée, la semaine dernière, je n'étais pas surpris de voir que la presse montréalaise n'a daigné que souligner l'événement comme un fait divers.
Bien que je n'en étais pas surpris, cette minime couverture m'a attristée. Mme Jacobs était pour moi un véritable maître à penser. J'ai dévoré tous ses livres, surtout The Economy of Cities. C'est grâce à elle si je me suis rendu compte qu'une économie tient essentiellement à ses villes.
Que l'architecture peut jouer un rôle pour augmenter l'innovation, du moins multiplier les occasions de mise en marché.
Que les cycles du compte courant métropolitain peuvent largement différer des flux internationaux des régions ressources ou de production manufacturière.
Que les villes dynamiques se nourrissent les unes des autres, ce qui crée encore plus de richesse.
Que toute cette richesse sert souvent à créer des empires.
Que chaque ville devrait avoir sa propre monnaie.
Que la diversité industrielle est condition nécessaire à l'innovation à grande échelle.
Que malgré toutes les conditions nécessaires à la croissance d'une ville, il en demeure qu'il n'existe pas de conditions suffisantes. Il reste une part de mystère à savoir pourquoi certaines villes croissent, et d'autres non.
Je pourrais continuer.
Ces idées sont absolument importantes pour le développement économique, pour l'innovation, pour la résolution de problèmes urbains, tels que la congestion et la pollution.
Je sais bien que la Banque centrale de Suède ne lui remettra jamais un de ses faux nobels. Mais elle en mérite un quand même. La journaliste du New York Times a fait ce que personne ne pouvait. Elle nous a expliqué le fonctionnement des villes. Et c'est à la base, une fascinante question d'économie.