Cette semaine, j'avais à enseigner la politique monétaire. Selon mon beau graphique -- tout ce qu'il y a de plus orthodoxe -- du marché des prêts, c'est la banque centrale qui contrôle le jeu.
La Banque du Canada offre le plus faible taux d'intérêt au pays, le taux directeur. Et lorsque la BduC modifie son taux directeur, les banques commerciales se voient obligées de modifier leurs taux hypothécaires, dans le même sens, pour conserver leurs marges de profit.
Mais que ce passe-t-il? La réalité diffère-t-elle de la théorie économique? Je suis bouleversé.
Il appert que deux grandes banques canadiennes ont augmenté leurs taux hypothécaires cette semaine. La TD et la Royale majorent le loyer de l'argent pour le commun des mortels qui veut hypothéquer une maison.
Et les banquiers l'ont fait, sans même l'ombre d'une augmentation du taux directeur de la BduC. Et vlan pour mon beau graphique théorique du marché monétaire.
Évidemment, il y a des nuances. Primo, le 6,25 pourcent sur 5 ans de la Royale est un taux négociable. En cachette, la Royale n'a peut-être même pas changé ses taux.
Deuxio, la politique monétaire est une mesure indirecte. Personne ne force les banques à décider de leurs taux d'intérêts.
Tercio, une augmentation du taux directeur s'en vient. C'est écrit dans le ciel pour tous ceux qui ont appris à parler la langue de la science économique. Le taux directeur est présentement à 0,25 pourcent. C'est ridiculement bas et l'économie va plutôt bien, alors ce taux va remonter cet été. L'inflation va passer à un rythme annuel de 2 pourcent et le prétexte sera trouvé pour revenir à un taux réaliste.
Bref, les banquiers ont agi par prévention, selon leurs attentes. Mais au final, on se rend compte qu'ils agissent très rapidement lorsque vient le temps de ralentir l'économie. Ils montent les taux plus vite que la BduC!