Comment enseigner l'économie aux filles?
C'est une question importante. Une journaliste britannique soupire que les Bonnes économistes-femmes sont difficile à trouver. La moitié de mes 154 étudiants cet automne sont des filles. Mais ce n'est pas par choix de leur part. Le cours d'introduction à l'économie est obligatoire. Et je suis bien conscient du fait que bon nombre d'entre elles ont bien hâte de gagner un peu de liberté pour choisir d'étudier autre chose que l'économie.
Au collège Dawson, j'ai le sentiment que c'est le département de psychologie qui tient le haut du pavé dans l'estime des étudiants, et surtout des étudiantes. Bien sûr, c'est normal. L'offre et la demande vs. comprendre les comportements des hommes et des femmes, des familles, des traumatisés et des malades mentaux... Je sais bien que c'est moi qui suis anormal...
Mais n'empêche, je me suis donné comme objectif de faire un effort pour stimuler l'intérêt des filles pour la chose économique. Et je crois avoir trouvé un petit truc cet après-midi:
la crème glacée.
Quoi de plus intéressant que de parler de crème glacée, pour expliquer la relation qu'entretiennent les humains avec une baisse de prix dans une circulaire d'épicerie. "Le prix d'un pot de Häagen Dazs a baissé de moitié à l'épicerie", ai-je oser lancer dans mon cours aujourd'hui.
De suite, l'intérêt d'une étudiante nichée au fond de la salle, distraite par son ordinateur portable, est piqué. ''Quoi? Dans quelle épicerie?''
Mais non, c'est un scénario fictif... Il s'agit d'expliquer LE concept fondamental en économie: la courbe de la demande. La plupart des manuels d'économie nous servent des exemples de produits bancals. Le prix des bananes, des canneberges ou du lait. Mais qui s'intéresse vraiment au prix du lait? Personne. Il ne varie même pas!
Mais la crème glacée, ça marche.''Si c'était gratuit, j'en mangerais sans limite'', m'a confié une autre...
Et voilà, la loi de la demande est démontrée! La consommation augmente avec une baisse de prix.
Prochaine étape, j'aimerais leur parler un peu plus d'économistes et de théoriciennes qui ont marqué la science économique: Joan Robinson, Sherry Cooper, la journaliste du Financial Times Gillian Tett, ou encore ma préférée de toutes: Jane Jacobs.
Il y a même un livre sérieux à ce sujet, ici.