N'en déplaise à certains souverainistes, il y a une relation économique très serrée entre le Québec francophone et le Commonwealth, ce qui reste de l'Empire Britannique.
Soyons sérieux, notre prospérité ne repose pas sur les ventes de sirop d'érable à l'étranger.
La Grande-Bretagne est importante car elle nous fournit toutes sortes de biens aéronautiques comme les moteurs d'avions de Rolls Royce. Sans ces intrants, impossible de modeler le tissu industriel de Montréal. De plus, la Grande-Bretagne nous envoie du pétrole, une denrée plutôt rare au Québec. La relation est telle que le Royaume-Uni est le sixième partenaire du Québec en 2011, dans un peloton européen qui inclut l'Allemagne, la France et les Pays-Bas.
Exportations du Québec vers: | (M$) |
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United States | 43 002 |
Chine | 2 432 |
Allemagne | 1 512 |
France | 1 432 |
Pays-Bas | 1 368 |
Royaume-Uni | 1 243 |
Mexique | 1 003 |
Japon | 807 |
Russie | 562 |
Brésil | 543 |
Par ailleurs, le Royaume-Uni importe énormément de produits québécois (4,5 G$ en 2011), étant notre troisième acheteur étranger. Le Québec y exporte surtout des avions, des pièces et des moteurs d'avions, ainsi que de l'aluminium, et d'autres produits primaires comme des métaux et du papier.
Importations en provenance de: | (M$) |
---|---|
États-Unis | 21 038 |
Chine | 8 030 |
Royaume-Uni | 4 490 |
Algérie | 4 347 |
Allemagne | 3 125 |
France | 2 739 |
Kazakhstan | 2 723 |
Brésil | 1 692 |
Italie | 1 626 |
Angola | 1 477 |
La Grande-Bretagne est donc un dossier épineux pour les souverainistes, puisque Londres n'est certes pas chaud à l'idée d'une République du Québec en plein milieu de son ancien Dominion du Canada, le peu qui lui reste de sa tentative de coloniser le continent américain en entier. Cette épine, la première ministre Pauline Marois et son ministre du commerce international Jean-François Lisée, doivent la sentir un peu cette semaine alors qu'ils sont au Royaume-Uni pour discuter de liens économiques.
Mais il y a plus.
Il y a le cas fascinant de Bombardier.
Notre plus importante industrie manufacturière est "tissée serrée" avec l'industrie britannique. Bombardier Aéronautique, avec ses 16 208 emplois au Québec, est le premier employeur industriel privé. Ce serait un drame économique si ces emplois s'envolaient du jour au lendemain.
Avec le temps, et certaines recherches historiques sur notre industrie d'avions et d'engins spatiaux, j'ai remarqué que presque toutes les usines de Bombardier ont un lien avec le "Union Jack". C'est ironique puisque Bombardier est le fleuron du "Québec Inc." et donc de l'émancipation économique des Québécois. Voici quelques faits historiques.
- Le coeur de Bombardier Aéronautique est l'achat de Canadair en 1986. Il s'agit en fait de l'ancienne Canadian Vickers, une filiale de la britannique Vickers.
- En Irlande du Nord, une colonie britannique, l'usine Short a été rachetée juste avant la banqueroute. Short Brothers était une pionnière de l'aviation britannique, fondée à Londres en 1908.
- À Toronto, l'usine qui fabrique les turbo-props Q400, avait été sous contrôle britannique deux fois, sous les sociétés De Havilland et Avro.
N'allez pas croire que Londres est la seule cause du succès de Bombardier. La famille Beaudoin a certes travaillé d'arrache-pied pour nouer des liens d'affaires avec les transporteurs américains, par exemple. Pis encore, ses avions novateurs lui ont amplement mérité le titre de premier avionneur régional au monde.
Ceci dit, Bombardier a largement profité de sa présence dans le Commonwealth. Et la prospérité du Québec aussi. Mme Marois et M. Lépine doivent garder cette réalité économique en tête lorsqu'ils discuteront avec la diplomatie britannique.