Il semble que nos scribes n'ont plus la rigueur d'antan lorsqu'il s'agit de respecter le sens des mots. Le Devoir ce matin titre "Austérité préélectorale à Québec".
Dans son commentaire, le chroniqueur Michel David - que je respecte et admire pour l'ensemble de son travail - donne raison à Amir Khadir, co-chef de Québec Solidaire, celui qui a qualifié le budget Marceau d'être "austère".
Voyons ce que le dictionnaire peut nous apprendre.
Selon Larousse: Politique économique visant à réduire l'ensemble des
revenus disponibles pour la consommation, par le recours à l'impôt, au
blocage des salaires, à l'emprunt forcé, aux restrictions de crédit et au contrôle des investissements.
À ce que je sache, le budget péquiste du ministre des Finances Nicolas Marceau n'a pas la cote pour être mis dans le panier à salade des politiques macroéconomiques extrêmes telles que prônées par le désuet "consensus de Washington" et le Fonds monétaire international (FMI) lorsque vient le temps de "redresser" une économie qui ne paie plus ses dettes étrangères.
En Grèce, en Irlande, en Islande, on parle d'austérité avec raison.
Au Québec, ce matin, on parle d'austérité à travers son chapeau.
Le Parti Québécois présente un budget avec des augmentations de dépenses de programme de 2 pourcent (sur 65,13 milliards de dollars). Le budget prévoit un déficit. Pas d'augmentations d'impôt pour les contribuables.
On peut parler de "conservatisme fiscal". On peut qualifier ce budget de "fiscalement responsable". (On tombe inévitablement dans certains anglicismes car ces termes proviennent de l'anglais.)
Mais dans le vocable économique contemporain, l'austérité implique des coupures draconiennes, dans le but de générer un surplus budgétaire. Ces coupures auront pour effet de réduire la demande globale de l'économie, et qui, au final, peuvent nuire à l'économie. Cette austérité est décriée -- avec raison -- car elle ralentit l'économie à un point tel où l'État n'arrive plus à augmenter ses revenus, afin d'équilibrer sa comptabilité.
Qu'on soit d'accord ou non avec le budget Marceau, le qualifier d' "austère" est exagéré.
M. Khadir a raison cependant, lorsqu'il dit que "le vieux modèle économique est en panne."
Si on veut espérer pouvoir payer nos dettes un jour, et améliorer nos services publics comme nos hôpitaux, nos routes et nos écoles, il faudra repenser l'économie pour l'avenir.
Sans être austère cette année, le budget Marceau ne nous sort pas du bois.