Quand j'étais enfant, on savait que le vent avait tourné quand l'odeur du souffre de Thurso nous empoisonnait l'existence. Le courant jet souffle habituellement vers l'est, mais parfois il se retournait.
Habitant près d'Ottawa, cette usine chimique de pâtes et papiers puait...
Mais seulement quand le vent tournait. Il y a quelques années, en reportage en Outaouais, le directeur de l'usine m'informe que ce problème avait été réglé. On dispersait alors l'ingrédient magique du Febreze sur toute la ville.
Sauf qu'avec la crise forestière, l'internet et la récession mondiale, Thurso avait d'autres chats à fouetter que son odeur de souffre. L'usine fermait et on ne peut quand même pas demander au Démon Blond, Guy Lafleur, de redéfinir l'économie de sa ville natale.
Heureusement, l'avenir des pâtes et papier en Outaouais n'est pas si noir. Un bon papier d'ARGENT, fait écho à un reportage étoffé du Globe and Mail: un investisseur futé de Calgary a relancé l'usine pour vendre la pâte de bois à l'industrie du tissu de rayonne. Le marché serait en croissance en Chine et en Inde, d'autant que la production mondiale de coton plafonne.
Fini le papier! Vive le textile?
C'est une leçon que d'autres ont compris. En Outaouais, de surcroît. L'usine de Glatfelter Gatineau Ltée, une filiale du géant américain Glatfelter, fabrique, depuis 2005, des tissus issus du bois pour la fabrication de serviettes féminines et de couches. Ce filon avait été exploité par les financiers torontois bien connus Brookfield.
Qui sait si le textile sauvera les autres usines en détresse du Québec, comme celles d'AbitibiBowater de Gatineau et de Dolbeau ? Encore faudrait-il que les grandes compagnies du papier apprennent quelques leçons de stratégie des investisseurs plus futés que sont Brookfield et ce petit gars de Calgary, Chad Wasilenkoff.