On en parle de plus en plus, le Québec vit et vivra un boom minier pour les deux ou trois prochaines décennies. La demande pour l'or, le fer et l'aluminium venant d'Asie, du Brésil et d'un peu partout ailleurs nourri l'augmentation de la production chez nous. Mais il se pourrait que cette manne gonfle les
prix de tout ce qu'on achète... comme le lait, le pain, les voitures et les loyers.
Selon La Presse, les superprojets industriels se chiffrent à 32 milliards de dollars, et se dérouleront sur une période de 15 à 20 ans, selon les projets. On y trouve de nouvelles mines et de nouvelles alumineries, surtout.
Le gouvernement du Québec (crédit photo: Gouv. Qc) y voit une bonne nouvelle, comme la plupart des industriels et sociétés de génie-conseil qui vont œuvrer sur ces grands chantiers souvent complexes.
Mais la situation posera un problème. Je ne veux pas faire le trouble-fête, mais... le Québec compte certes une grande quantité de travailleurs qualifiés. Ils ont déjà du travail pour la plupart. Même le plombier du quartier fait du surmenage tant il y a pénurie main d’œuvre.
La question se pose donc: le boom minier du Québec risque-t-il de créer de l'inflation? Je n'ai pas la réponse à cette question. Mais j'ai de bonnes raisons de me la poser.
Premier élément: l'économie du Québec fonctionne tout près de son potentiel. En fait, les chiffres sur la production intérieure brute potentielle (PIB potentiel), n'existent que pour le Canada. Au 2e trimestre de 2011, la Banque du Canada estime que le PIB actuel est de 1 pourcent inférieur au PIB potentiel. Comme l'économie du Québec se porte relativement mieux que celle du reste du pays, j'estime que le Québec est probablement tout près du potentiel.
Pourquoi le potentiel est-il si important? Selon la théorie macroéconomique, l'inflation des prix peut subvenir lorsqu'une économie produit plus que son potentiel (niveau optimal, mais pas maximal). La raison est simple, à un certain moment, il devient de plus en coûteux d'utiliser des ressources additionnelles nécessaires à l'augmentation de la production au delà du potentiel.
Ceci peut s'expliquer par des pénuries de ressources comme les métaux et les travailleurs. Encore, les ressources sont peut-être disponibles, mais moins productives que celles qui ont été utilisées en premier. Les travailleurs qu'on embauche en dernier sont souvent les moins productifs - et donc plus dispendieux - car ils ont moins de formation et/ou d'expérience.
Et toute cette activité dans le Nord réduira la quantité et la qualité des ressources qui sont disponibles au Sud. D'où une inflation généralisée des prix, allant du lait, aux autos, en passant par les meubles et vêtements.
Deuxième élément: la politique monétaire très expansionniste des dernières années devrait produire de l'inflation bientôt. Déjà, le taux d'inflation au mois de septembre était de 3,2 pourcent (rythme annuel). Les prix grimpent vite et on a dépassé la "bande" de confort de notre banque centrale qui en temps normal vise un taux de 2 pourcent, et intervient aussitôt que le taux dépasse les 3 pourcent.
Bonne nouvelle: la croissance économique peut s'avérer bénéfique pour tous, sans créer d'inflation. Les superprojets miniers pourraient faire grimper notre PIB sans nous appauvrir par l'inflation généralisée des prix.
Mais il y a un SI.
Les superprojets seront bénéfiques seulement si notre capacité de production est majorée par l'innovation technologique. Nos travailleurs sont nombreux, mais cette ressource reste limitée. Il nous faudra plus de machines, de robots et d'ordinateurs pour assurer cette croissance économique, qui je le souhaite, devrait nous enrichir plutôt que de nous appauvrir.