Depuis le début de la campagne électorale, j'ai le sentiment qu'on s'enligne un troisième référendum sur la sécession-souveraineté du Québec. Évidemment, c'est un sujet controversé. Mais peut-on accéder à la souveraineté économique, sans passer par la sécession politique?
Quand j'entends ce matin que Charest propose d'étendre la loi 101 aux entreprises montréalaises de juridiction fédérale (Air Canada, Bell, CN, Port de Montréal, les banques, etc.), je me dis que le camp fédéraliste sent la soupe chaude...
En bon économiste, je me pose régulièrement la question suivante: comment l'indépendance du Québec peut-elle aider, ou nuire à l'économie du Québec?
Mais n'est-ce pas une autre question que l'on devrait se poser? L'indépendance économique n'est-elle pas plus importante que le statut politique de l'Assemblée nationale? Je m'explique.
L'an dernier un chercheur canado-irlandais de l'université Concordia est venu au collège Dawson prononcer une conférence sur l'état de la nation irlandaise. Sa conclusion m'a surpris par sa pertinence pour le dossier québécois. Après avoir combattu la couronne britannique pour accéder à l'indépendance politique en 1922, l'Irlande se retrouve aujourd'hui à genoux devant les financiers de Londres. Sa dette est intenable, l'Irlande étant à la fois coupable et victime des magouilles bancaires qui ont plongé la planète dans une crise historique.
Je le cite de mémoire: À quoi nous sert l'indépendance politique, si nous n'avons pas acquis l'indépendance économique?
La même question se pose au Québec. Les indépendantistes arguent que l'indépendance politique nous apporterait des pouvoirs sur le système légal, sur l'immigration, sur nos écoles et nos finances publiques. Certes, mais pourquoi ne pas rapatrier la politique économique la plus puissante de toutes: la monnaie?
Non, les bonzes du Parti Québécois ont toujours misé sur le statu quo à cet égard: une union monétaire avec le Canada. Monsieur Parizeau voulait garder le huard.
La monnaie est cependant la politique économique la plus puissante d'un pays. Cette conclusion est la principale contribution de l'économiste Milton Friedman. Avec la crise de l'Euro, les économistes -- et les politiques -- commencent à mesurer l'importance des monnaies nationales. À ce sujet, l'éminent économiste Joseph Stiglitz a proposé récemment aux Écossais de se préoccuper de leur politique monétaire, avec ou sans l'indépendance politique face aux Anglais.
Je crois qu'il faut se poser la question, peut-on accéder à l'indépendance économique, sans passer par la sécession politique?