Le sujet est pour l'instant absent du cycle normal de l'actualité. Or, il n'est pas mort. Loto-Québec planche ardemment sur un projet de déménagement du Casino de Montréal. Le gouvernement Charest a dit y réfléchir et qu'il prendra une décision en janvier.
Laissez-moi vous dire que je suis contre le déménagement du casino au centre-ville de Montréal. Tout le projet sent mauvais.
Dans un premier temps, les autorités locales et provinciales s'étaient entendues, la première fois, pour installer le Casino sur l'île Sainte-Hélène, pour la simple et bonne raison qu'on retrouve au centre-ville de Montréal des quartiers parmi les plus pauvres du pays. D'un côté, le quartier Centre-sud et de l'autre Pointe-Saint-Charles, Petite Bourgogne et Saint-Henri. Dans ces quatres quartiers, près de la moitié des résidents survivent grâce à l'aide sociale.
Cette fois, Loto-Québec cherche une façon d'ajouter des millions à ses comptes, qui sont versés au gouvernement. Et la Société du Havre, un organisme qui veut développer l'ancien quartier Griffintown, au sud du centre-ville, cherche un projet qui prendra le rôle de catalyseur pour ses ambitions. En fait, le plus important investissement sera celui deconstruire l'autoroute Bonaventure afin de redonner l'accès au fleuve aux Montréalais.
Je suis en faveur de la revitalisation de Griffintown. Mais nous pouvons trouvons autre chose comme catalyseur qu'un casino d'État.
Bien sûr, les principaux intéressés, les résidants de la Pointe, diront qu'ils peuvent contrôler leurs habitudes de jeux. On implorera le gouvernement de permettre aux gens d'agir en toute responsabilité individuelle, de ne pas trop faire le grand frère protecteur.
D'autres diront que le jeu, c'est plate, mais que l'État s'en charge est préférable à tout laisser à la pègre. Et puis, l'Île Sainte-Hélène, c'est loin pour les touristes.
À prime abord, le projet de Loto-Québec semble intéressant. Le Cirque du Soleil y donne un gage de pureté artistique et surtout, une garantie économique indéniable car cette marque de commerce jouit d'une réputation mondiale de premier rang.
Mais il y a plusieurs hics. Premièrement, le Cirque du Soleil n'y met pas un cent! C'est bien la preuve que la troupe n'y voit pas une occasion d'affaires, mais un retour d'ascenseur politique potentiel. Nous vous donnons un appui symbolique, vous nous embauchez pour vos missions diplomatiques ?
Deuxièmement, la présence d'un Casino sur une île inhabitée crée dans son giron un vaste réseau de shylocks et de criminels qui veulent bénéficier de la détresse humaine.
Imaginez la grappe industrielle de misère économique qui sera créée si le Casino était entouré de triplex remplis de gens pauvres qui sont déjà dominés par des gangs de rues et le crime organisé ! Dois-je rappeller que l'épargne crée l'investissement et que le surendettement engendre la misère...
De plus, les criminels ne feront que cimenter leur contrôle du jeu, sanctionnés par une façade d'État. Je préfère encore le modèle de la réserve Mohawk de Kahnawake...
Troisièmement, il ne faut pas voir cette solution comme étant la seule qui puisse revitaliser ce quartier, anciennement habité et appelé Griffintown. S'il est aujourd'hui un terrain industriel en friche, c'est bien parce qu'on y a passé une autoroute en plein milieu. Pensons aux besoins réels de la métropole avant de décider sur une exécution. Il faut un peu plus de stratégie.
La métropole manque encore de logements résidentiels, sur l'île de Montréal. Pensons-y, quelle valeur foncière aurait un quartier résidentiel à distance de marche du centre-ville, niché entre un parc riverain, le Vieux-Montréal, le canal Lachine, le stade Saputo et les gratte-ciels?
En revanche, quelle valeur économique auraient des touristes, qu'ils soient en vacances ou en voyage d'affaires, pour Montréal? Nous en avons déjà des milliers de touristes. Ils aiment nos festivals, nos quartiers dynamiques, notre culture. Mais s'il faut carrément donner plus de pouvoir au crime organisé, tout en mettant en danger nos citoyens les plus démunis, pour en attirer encore plus, je crois qu'il y a là une ligne à ne pas franchir.