jeudi 20 septembre 2012

L'équipe économique du cabinet Marois ravivera-t-elle la politique industrielle?

Lors du changement de la garde politique québécoise, il faut toujours s'attendre à des remaniements dans la structure de l'État. Lorsque leur tour est venu de prendre le pouvoir, les bleus et les rouges aiment bien renommer plusieurs ministères, question de marquer leur arrivée au fer.

Les nouveaux ministres économiques péquistes ont été nommés hier. Le bandeau d'Albert (voir en haut) a été modifié, pour y inclure des nouvelles Google concernant Nicolas Marceau (Finances), Élaine Zakaïb (Industrie), et Martine Ouellet (Ressources Naturelles).


Mme Élaine Zakaïb, ministre de l'Industrie
Les remaniements ont tendance à renommer des ministères. D'un côté, ces mots traduisent souvent une volontée idéologique claire. D'un autre côté, ça force les fonctionnaires à recycler des milliers de kilogrammes de papeterie. Il ne suffit que d'un léger changement au nom du ministère, et vlan, les dollars s'envolent en réimpressions de papier entête et de cartes d'affaires...

Par exemple, Mme Élaine Zakaïb est la nouvelle ministre déléguée à la Politique industrielle et la Banque de développement économique. Du coup, on peut dire adieu à tout ce qui a été imprimé avec la mention "ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation".

Ceci dit, on s'entend que la plupart des fonctionnaires vont probablement faire le même travail qu'avant. Au moins on aura plus à prononcer "Aime-Daye" pour désigner le MDEIE qui s'appelait apparavant, souvenons-nous, le ministère de l'Industrie et du Commerce (MIC).

Questions niaises de côté, Mme Zakaïb a du pain sur la planche. Arrivant du Fonds de solidarité FTQ, on peut deviner qu'elle connaît bien les besoins de financement des industriels québécois, surtout ceux de taille moyenne qui aspirent à croître. Le Québec a cruellement besoin de leurs projets pour créer des emplois durables.

Je note par ailleurs que le mot "industriel" est lourd de sens. Mme Pauline Marois, en nommant ainsi le ministère, reprend un vocable plus traditionnel. Le MDEIE des libéraux n'avait pas négligé l'aide aux industriels, puisque le Québec est la province qui saupoudre le plus de subventions aux entreprises.

Ce changement de nom annonce-t-il le retour du petit frère du triumvirat des politiques économiques? La plus grande, la politique monétaire, n'est pas du ressort de l'Assemblée nationale. La plus connue, la politique fiscale, est du ressort du nouveau ministre des Finances, Nicolas Marceau. La fiscalité est aussi partagée avec Ottawa, qui collecte la moitié des cotisations d'impôt des Québécois.


La politique industrielle, incluant le soutient à la science, à la recherche, au génie, et aux technologies, demeure le mal-aimé de la boîte à outils des économistes. Avec le temps, plusieurs ont critiqué les États pour avoir joué aux "choisisseurs de gagnants" parmi les industries. Plusieurs économistes préféreraient voir l'État cesser d'intervenir, et laisser les industriels se débattre dans un marché libre.

Mais à mon sens, plusieurs industries ont besoin du soutien de l'État pour entamer des recherches fondamentales, ou développer des produits encore risqués. Que seraient Apple, Google, et Facebook, sans les investissements massifs du gouvernement américain pour développer l'internet?

Albert aura les yeux rivés sur la politique industrielle de Mme Zakaïb.