mercredi 29 septembre 2010

Un cartel des télés à écran plat?

Qui aurait cru que le marché des écrans plats était sujet à un cartel où les prix sont fixés par une poignée de fournisseurs asiatiques?

En entrant dans n'importe quel magasin à grande surface, on a bien l'impression de participer à une concurrence féroce où le prix le plus bas fait loi.

Mais non. Il s'agit d'un oligopole mesquin, où une poignée de joueurs s'entendent pour forcer les consommateurs à payer un prix plus élevé pour le produit convoité: un téléviseur à écran plat ACL.



C'est en tout cas la révélation surprenante de cette semaine. Le gouvernement américain vient à la rescousse de Dell, Apple et Motorola. Washington amende les sociétés asiatiques LG (Corée du Sud), Sharp (Japon) et Chunghwa Picture Tubes (Taiwan). LG paiera la part du lion de cette amende historique de 585 millions de dollars.

Qu'est-ce qu'un oligopole? Il s'agit du qualificatif qu'on fixe aux industries où une demi-douzaine de fournisseurs contrôlent au moins 80 % des ventes de l'industrie. Il peut y avoir collusion, c'est-à-dire des ententes de prix entre les principaux fournisseurs. C'est illégal.

Ou encore, il peut y avoir un certain niveau de concurrence. Mais dans les deux cas, ce sont les fournisseurs qui choisissent les prix, afin de maximiser leurs profits. Et dans les deux cas, les économistes sont généralement d'avis que les consommateurs en sortent perdants.

Les oligopoles ne sont pas illégaux. Mais dans ce cas, il y a eu collusion, ce qui est illégal.

Composantes ACL: le Japon fourmille de monopoles

En passant, l'industrie des écrans ACL (LCD en anglais) n'est pas du tout un exemple de concurrence pure et parfaite. Un papier très fouillé du Economist (faut payer), détaille la position dominante de plusieurs sociétés du Japon dans des industries moins connues, car ils fabriquent des composantes de haute-technologie plutôt que des produits finaux.

Par exemple, The Economist rapporte que les Japonais dominent la fabrication de graveurs (etchers), de machines de lithographie (steppers), ainsi que de certains films diffusant de la lumière. Ce dernier marché vaut 3 milliards et tous les fournisseurs mondiaux sont Japonais.

Toutes ces composantes anonymes doivent être achetées du Japon, de sociétés comme TEL, qui vend 80% des graveurs utilisés dans la fabrication des panneaux ACL. Un autre exemple: Nitto Denko se vante de dominer son marché. Elle vend plus de 20 produits d'avant-garde, la plupart servant à fabriquer des panneaux ACL.

Ce phénomène a un nom. Ces entreprises monopolistiques sont appelées chuken kigyo, ce qui veut dire entreprises fortes de taille moyenne. Grâce aux chuken kigyo, le Japon détient 70 % du marché mondial dans 30 secteurs technologiques, valant chacun au moins 1 milliard de dollars. La donnée, citée par The Economist, provient du ministère de l'économie et de l'industrie du Japon.


Et moi qui pensait qu'en mettant le pied chez Future Shop, j'étais à la mecque du marché en concurrence pure et parfaite...