Nos usines ne sont plus l'élément clé qui détermine la prospérité et la productivité du travail des Québécois. Historiquement, le virage manufacturier a permis aux Québécois de s'urbaniser, de s'enrichir et de s'éduquer. Mais ce phénomène tire à sa fin.
Il faudra se tourner vers les services -- et s'y améliorer considérablement -- si on veut augmenter notre productivité du travail au Québec, et faire croître notre niveau de vie.
C'est ce qui m'a frappé de la présentation que j'ai vue hier de Robert Gagné, professeur d'économie à HEC Montréal et directeur du Centre sur la productivité et la prospérité, lors du colloque organisé sur le thème de la productivité du travail au Québec.
Même si la productivité du travail augmente de façon spectaculaire dans le secteur manufacturier (49 % de croissance entre 1984 et 2006), le déclin manufacturier est si rapide que ces gains sont «pratiquement annulés», selon M. Gagné.
Les travailleurs qui persistent dans les usines devraient compter sur de bons salaires, mais ils sont déjà beaucoup moins nombreux que par le passé.
Si les emplois manufacturiers disparaissent comme peau de chagrin, on a remarqué que le secteur des services a pris du galon. Une chance. Et la productivité du travail a aussi progressé dans les tours à bureaux du Québec. Une chance aussi.
Selon M. Gagné, la productivité dans le secteur des services est une des clés pour améliorer notre niveau de vie. Bien sûr, il s'agit d'une question complexe. Il faut parler de réglementation, de syndicalisation, d'éducation et d'une foule d'autres facteurs.
Mais cette idée des services a son propre degré de complexité. En usine, il était bien compris que l'accumulation de capital physique (automatisation, mécanisation, informatisation, etc) améliorait directement la productivité du travail. Tout comme les méthodes de gestion et la formation.
Mais dans le secteur des services, très touché par l'informatisation et l'Internet, les réponses semblent moins évidentes. Il ne me semble pas tout à fait clair que l'accumulation de capital soit la solution générique pour réduire les coûts et réaliser des gains de productivité.
Il faudra garder un oeil sur les travaux futurs de M. Gagné et de son centre de recherche pour élucider la question.