La reprise de l'économie américaine est une affaire compliquée. Le rapport tout frais du vice-président Joe Biden est ici. Et le voici qui en parle (sautez les 15 premières minutes).
En gros, le plan de relance du gouvernement Obama a tenté de réaliser deux objectifs à la fois.
Premièrement, le American Recovery and Reinvestment Act (ARRA) avait pour objectif de créer des emplois rapidement, comme par la construction de routes et de ponts. D'ailleurs, on peut voir des tonnes de photos de projets plus ou moins ambitieux, sur ce site de la Maison Blanche. Et on peut voir la carte des dépenses fédérales par État.
Les crtitiques pleuvent à boire debout sur Biden à ce sujet. L'AP rapporte que dans son propre État, un projet de subventions aux rénovations résidentielles a été mis en veilleuse en mai dernier à cause de possibles fraudes. Mais les scandales sont rares, selon le Time. Biden harcèlerait les apparatchiks pour éviter les bavures.
Au final, les Démocrates arguent que 3 millions d'emplois ont été consolidés ou créés par l'aide massive de 787 milliards US. En revanche, les Républicains rappellent que le taux de chômage oscille toujours autour des 10 pourcent.
Deuxièmement, l'ARRA doit investir dans l'économie de l'avenir. Il s'agit selon moi de l'idée la plus prometteuse pour relancer l'économie américaine, l'économie la plus importante au monde. Le sixième de l'enveloppe a été prévue pour financer des projets d'innovation technologique, tels que cette usine de batteries électriques de Nissan, au coeur du Rust-Belt manufacturier des USA.
1300 emplois, un investissement de 1,7 milliards, financé à 83% par Washington, et plusieurs autres projets du genre... C'est ce type d'intervention gouvernementale qui va sauver l'industrie automobile américaine, régler des problèmes de pollution, et relancer l'ensemble de l'économie.
Au Canada, bien sûr, pas question de financer l'innovation de telle façon. C'est la boutade qu'a lancée samedi dernier Jeremy Cato, journaliste au Globe and Mail et un des co-animateurs de l'émission canadienne-anglaise Car/Business. Il interviewait justement les dirigeants de Nissan Canada, au sujet de la toute électrique 5 portes Leaf, attendue pour l'an prochain. Le porte-parole de Nissan a répondu que si Ottawa voulait aider, on pourrait faire de même en Ontario...
En attendant de voir si Harper répond à cet appel, voici ce qu'est la fameuse Leaf :
Ceci n'est pas twitter. Je ne publie pas souvent. J'essaie de réfléchir avant d'écrire.
mardi 31 août 2010
lundi 30 août 2010
Thurso sauvée par un fou de Calgary
Quand j'étais enfant, on savait que le vent avait tourné quand l'odeur du souffre de Thurso nous empoisonnait l'existence. Le courant jet souffle habituellement vers l'est, mais parfois il se retournait.
Habitant près d'Ottawa, cette usine chimique de pâtes et papiers puait...
Mais seulement quand le vent tournait. Il y a quelques années, en reportage en Outaouais, le directeur de l'usine m'informe que ce problème avait été réglé. On dispersait alors l'ingrédient magique du Febreze sur toute la ville.
Sauf qu'avec la crise forestière, l'internet et la récession mondiale, Thurso avait d'autres chats à fouetter que son odeur de souffre. L'usine fermait et on ne peut quand même pas demander au Démon Blond, Guy Lafleur, de redéfinir l'économie de sa ville natale.
Heureusement, l'avenir des pâtes et papier en Outaouais n'est pas si noir. Un bon papier d'ARGENT, fait écho à un reportage étoffé du Globe and Mail: un investisseur futé de Calgary a relancé l'usine pour vendre la pâte de bois à l'industrie du tissu de rayonne. Le marché serait en croissance en Chine et en Inde, d'autant que la production mondiale de coton plafonne.
Fini le papier! Vive le textile?
C'est une leçon que d'autres ont compris. En Outaouais, de surcroît. L'usine de Glatfelter Gatineau Ltée, une filiale du géant américain Glatfelter, fabrique, depuis 2005, des tissus issus du bois pour la fabrication de serviettes féminines et de couches. Ce filon avait été exploité par les financiers torontois bien connus Brookfield.
Qui sait si le textile sauvera les autres usines en détresse du Québec, comme celles d'AbitibiBowater de Gatineau et de Dolbeau ? Encore faudrait-il que les grandes compagnies du papier apprennent quelques leçons de stratégie des investisseurs plus futés que sont Brookfield et ce petit gars de Calgary, Chad Wasilenkoff.
Habitant près d'Ottawa, cette usine chimique de pâtes et papiers puait...
Mais seulement quand le vent tournait. Il y a quelques années, en reportage en Outaouais, le directeur de l'usine m'informe que ce problème avait été réglé. On dispersait alors l'ingrédient magique du Febreze sur toute la ville.
Sauf qu'avec la crise forestière, l'internet et la récession mondiale, Thurso avait d'autres chats à fouetter que son odeur de souffre. L'usine fermait et on ne peut quand même pas demander au Démon Blond, Guy Lafleur, de redéfinir l'économie de sa ville natale.
Heureusement, l'avenir des pâtes et papier en Outaouais n'est pas si noir. Un bon papier d'ARGENT, fait écho à un reportage étoffé du Globe and Mail: un investisseur futé de Calgary a relancé l'usine pour vendre la pâte de bois à l'industrie du tissu de rayonne. Le marché serait en croissance en Chine et en Inde, d'autant que la production mondiale de coton plafonne.
Fini le papier! Vive le textile?
C'est une leçon que d'autres ont compris. En Outaouais, de surcroît. L'usine de Glatfelter Gatineau Ltée, une filiale du géant américain Glatfelter, fabrique, depuis 2005, des tissus issus du bois pour la fabrication de serviettes féminines et de couches. Ce filon avait été exploité par les financiers torontois bien connus Brookfield.
Qui sait si le textile sauvera les autres usines en détresse du Québec, comme celles d'AbitibiBowater de Gatineau et de Dolbeau ? Encore faudrait-il que les grandes compagnies du papier apprennent quelques leçons de stratégie des investisseurs plus futés que sont Brookfield et ce petit gars de Calgary, Chad Wasilenkoff.
mardi 8 juin 2010
Sauver la raffinerie Shell? Oui, question de grappe.
Pourquoi? Parce qu'il s'agit d'une usine qui s'imbrique dans plusieurs industries de Montréal. La grappe des industries pétro-chimique et plasturgique en souffrirait.
L'industrie pétrochimique et plasturgique de Montréal est plus importante que ne laisse voir une analyse sommaire. Il est difficile de chiffrer l'impact du départ des raffineries, mais je crois qu'il serait plus que non-négligeable.
Bien que la grande majorité de la production d'une raffinerie sert à faire du pétrole pour faire rouler nos bagnoles, les raffineries montréalaises jouent un rôle clé pour des centaines d'entreprises de fabrication de la métropole. Je réfère à une carte de la Communauté Métropolitaine de Montréal, produite en 2005. On y voit une industrie éparpillée partout sur l'île de Montréal et sur la Rive-Sud. Des dizaines de milliers d'emplois sont liés à fabrication de produits chimiques et plastiques, souvent à partir d'autres produits du pétrole raffinés ici à Montréal. Cette toile de producteurs interdépendants serait grandement fragilisée par le départ d'une raffinerie.
Et tant qu'à construire des méga-usines, le calcul du transport a été inversé. Vaudrait mieux dorénavant raffiner près du puits, et non plus à proximité du marché comme c'était la méthode jusqu'à présent.
Ce phénomène existe partout dans l'économie. C'est l'innovation de procédé. Le but: réduire les coûts. L'avantage: produire plus efficacement.
Le désavantage: le chômage technologique.
C'est pas rien. Lorsque des hommes et des femmes sont remplacés par des robots, ou une usine encore plus gargantuesque, c'est pas facile à accepter. Mais c'est la loi du marché et heureusement, notre économie s'en remet plus souvent qu'autrement.
Ceci dit, je crois qu'il faut quand même militer pour un sauvetage de cette raffinerie. Les arguments de base ont été souvent répétés ces dernières semaines:
- Le Québec importe massivement du pétrole, aussi bien en tirer quelques emplois
- Les 2 raffineries de Montréal-Est sont interdépendantes
- 500 emplois, c'est beaucoup trop à perdre.
Donc, malgré la fatalité de l'innovation de procédé et du chômage technologique, il serait maladroit de laisser ce grand employeur démanteler son usine de Montréal-Est.
lundi 24 mai 2010
L'avenir des pâtes et papier
La décision de Kruger de réduire sa liste de paie à Trois-Rivières n'a sûrement pas été prise à la légère. Exporter le papier journal mauricien vers les États-Unis et même vers l'Europe plus récemment n'est simplement pas un modèle d'affaires prometteur.
Sauf que...
Il y a toujours l'Asie, et les usines à papier situées près d'un port en eau profonde ont encore une certaine marge de manoeuvre...
Faudra voir si la rentabilité y est...
Sauf que...
Il y a toujours l'Asie, et les usines à papier situées près d'un port en eau profonde ont encore une certaine marge de manoeuvre...
Faudra voir si la rentabilité y est...
vendredi 7 mai 2010
Qui veut parier sur la Grèce?
Les grands financiers peuvent parier sur le sort de la Grèce en spéculant sur les obligations nationales de l'État Grec.
Mais les petites gens peuvent le faire aussi. La plateforme de paris sociaux Intrade vous permet de parier sur cinq scénarios, qu'un pays se retire de la zone euro en 2010, en 2011, en 2012, en 2013 ou en 2014.
Et les parieurs ne donnent pas cher de la peau de l'euro. Plus l'échéance est lointaine, plus les parieurs croient que la zone va éclater. En 2010, les chances sont encore relativement minces (18 %). Mais en 2014, certains croient que les chances du retrait d'un pays sont de 60 %.
Il y a cinq ans, ce serait presque impensable. Mais en économie, comme en politique, les choses bougent très vite.
Mais les petites gens peuvent le faire aussi. La plateforme de paris sociaux Intrade vous permet de parier sur cinq scénarios, qu'un pays se retire de la zone euro en 2010, en 2011, en 2012, en 2013 ou en 2014.
Et les parieurs ne donnent pas cher de la peau de l'euro. Plus l'échéance est lointaine, plus les parieurs croient que la zone va éclater. En 2010, les chances sont encore relativement minces (18 %). Mais en 2014, certains croient que les chances du retrait d'un pays sont de 60 %.
Il y a cinq ans, ce serait presque impensable. Mais en économie, comme en politique, les choses bougent très vite.
lundi 3 mai 2010
Que devrait faire la Grèce?
Une dette qui dépasse le PIB, est-ce un problème?
Réponse courte: oui.
Réponse longue: on va tenter de garder ça court.
Le gouvernement grec a un sérieux problème. Il a maquillé la réalité et vécu au dessus de ses moyens. Après une bonne décennie de croissance importante, le gouvernement n'arrive plus à boucler son budget. Non seulement la dette gonfle, elle est dorénavant ingérable. À 115 pourcent du PIB, c'est trop. Les paiements mensuels sont si importants qu'il n'arrive plus à payer l'épicerie.
La crise grecque est contagieuse, comme le virus ebola, dit le ministre des finances mexicain Angel Gurria.
Au Québec la dette est aussi un sujet pressant. Si le gouvernement fédéral a réussi à réduire sa dette dans les années 1990 et 2000, la Belle Province ne l'a pas fait. Et en temps de récession, vaut mieux avoir un beau profil face aux requins de la finance. Mais le Québec est-il comme la Grèce? Pouvons-nous subir un sort semblable et voir le FMI débarquer à Dorval?
Il y a des ressemblances.
Selon moi, la solution est simple: se séparer de l'Union (monétaire) européenne et raviver le drachma. Celui-ci sera largement dévalué, ce qui aidera le pays à créer de l'emploi. L'économie grecque est fortement axée sur le transport maritime, le tourisme et les finances. Une monnaie nationale ne pourrait que soulager la crise actuelle.
Mais cette solution n'est pas envisagée publiquement. Mais c'est une possibilité réelle.
Fait intéressant, M. Fillion démontre que le mélodrame grec est essentiellement dû au système politique européen. L'Europe est une confédération de pays. La Grèce doit demander l'aide de pays voisins.
Mais au Canada, le Québec pourrait demander l'aide d'Ottawa sans tous ces sparages. On vit dans le même pays.
Ce n'est pas tout, tant les Allemands que les Français ne veulent pas voir s'effriter cette ambitieuse union politique qui 1) assure la paix sur le Vieux Continent et 2) crée un contre-poids à l'hégémonie américaine.
Réponse courte: oui.
Réponse longue: on va tenter de garder ça court.
Le gouvernement grec a un sérieux problème. Il a maquillé la réalité et vécu au dessus de ses moyens. Après une bonne décennie de croissance importante, le gouvernement n'arrive plus à boucler son budget. Non seulement la dette gonfle, elle est dorénavant ingérable. À 115 pourcent du PIB, c'est trop. Les paiements mensuels sont si importants qu'il n'arrive plus à payer l'épicerie.
La crise grecque est contagieuse, comme le virus ebola, dit le ministre des finances mexicain Angel Gurria.
Au Québec la dette est aussi un sujet pressant. Si le gouvernement fédéral a réussi à réduire sa dette dans les années 1990 et 2000, la Belle Province ne l'a pas fait. Et en temps de récession, vaut mieux avoir un beau profil face aux requins de la finance. Mais le Québec est-il comme la Grèce? Pouvons-nous subir un sort semblable et voir le FMI débarquer à Dorval?
Il y a des ressemblances.
- Sur le plan macroéconomique, le Québec est un pays développé qui traine un peu de la patte, comme la Grèce.
- Le Québec habite au sein d'une union monétaire rigide, comme la Grèce.
- Pis encore, l'OCDE évalue la dette du Québec à 94 % de son PIB en tenant compte de la proportion de la dette fédérale qui revient virtuellement au Québec. Presque autant que la Grèce.
Jamais ne verrait-on le FMI atterrir à Dorval pour venir négocier un plan d'aide avec Jean Charest!Je rajouterais que si la Grèce vit un mélodrame, ce n'est pas tant à cause de sa situation macroéconomique.
Selon moi, la solution est simple: se séparer de l'Union (monétaire) européenne et raviver le drachma. Celui-ci sera largement dévalué, ce qui aidera le pays à créer de l'emploi. L'économie grecque est fortement axée sur le transport maritime, le tourisme et les finances. Une monnaie nationale ne pourrait que soulager la crise actuelle.
Mais cette solution n'est pas envisagée publiquement. Mais c'est une possibilité réelle.
Fait intéressant, M. Fillion démontre que le mélodrame grec est essentiellement dû au système politique européen. L'Europe est une confédération de pays. La Grèce doit demander l'aide de pays voisins.
Mais au Canada, le Québec pourrait demander l'aide d'Ottawa sans tous ces sparages. On vit dans le même pays.
Des pressions politiques de toutes sortes s'agitent, ce qui met à l'épreuve à la fois la structure et la philosophie de l'Union européenne et la stabilité de la zone euro. L'univers dramatico politico-financier dans lequel évolue la Grèce n'a absolument rien à voir avec la stabilité canadienne, vue comme un modèle à suivre en matière budgétaire depuis plus d'une décennie. G. FillionEn terminant, je crois fermement que l'Union européenne ne veut pas voir partir la Grèce, qui au passage domine le transport maritime (n1 mondial!). Pas besoin d'avoir la tête à Papineau pour comprendre qu'une plateforme de transport fonctionne plus rondement quand on partage la même devise.
Ce n'est pas tout, tant les Allemands que les Français ne veulent pas voir s'effriter cette ambitieuse union politique qui 1) assure la paix sur le Vieux Continent et 2) crée un contre-poids à l'hégémonie américaine.
mercredi 28 avril 2010
Les taux montent, les taux montent, les taux montent
Cette semaine, j'avais à enseigner la politique monétaire. Selon mon beau graphique -- tout ce qu'il y a de plus orthodoxe -- du marché des prêts, c'est la banque centrale qui contrôle le jeu.
La Banque du Canada offre le plus faible taux d'intérêt au pays, le taux directeur. Et lorsque la BduC modifie son taux directeur, les banques commerciales se voient obligées de modifier leurs taux hypothécaires, dans le même sens, pour conserver leurs marges de profit.
Mais que ce passe-t-il? La réalité diffère-t-elle de la théorie économique? Je suis bouleversé.
Il appert que deux grandes banques canadiennes ont augmenté leurs taux hypothécaires cette semaine. La TD et la Royale majorent le loyer de l'argent pour le commun des mortels qui veut hypothéquer une maison.
Et les banquiers l'ont fait, sans même l'ombre d'une augmentation du taux directeur de la BduC. Et vlan pour mon beau graphique théorique du marché monétaire.
Évidemment, il y a des nuances. Primo, le 6,25 pourcent sur 5 ans de la Royale est un taux négociable. En cachette, la Royale n'a peut-être même pas changé ses taux.
Deuxio, la politique monétaire est une mesure indirecte. Personne ne force les banques à décider de leurs taux d'intérêts.
Tercio, une augmentation du taux directeur s'en vient. C'est écrit dans le ciel pour tous ceux qui ont appris à parler la langue de la science économique. Le taux directeur est présentement à 0,25 pourcent. C'est ridiculement bas et l'économie va plutôt bien, alors ce taux va remonter cet été. L'inflation va passer à un rythme annuel de 2 pourcent et le prétexte sera trouvé pour revenir à un taux réaliste.
Bref, les banquiers ont agi par prévention, selon leurs attentes. Mais au final, on se rend compte qu'ils agissent très rapidement lorsque vient le temps de ralentir l'économie. Ils montent les taux plus vite que la BduC!
mardi 20 avril 2010
L'Afrique est en croissance, selon un expert
Un expert suédois en santé humaine estime que l'Afrique subsaharienne est en pleine croissance économique, et que son avenir sera lié au développement de marchés locaux. Une économie de marché démocratique est un moyen prouvé pour améliorer la santé des humains, dit-il.
Hans Rosling présente ici des données surprenantes et soyez-y pour la fin, qui est aussi très surprenante.
Bref, je suis toujours séduit par quelqu'un qui a une expérience de terrain, dont les idées économiques sont sensées, mais pas nécessairement tirées de déductions mathématiques théoriques.
Et qui confirme ses dires par de belles données crédibles.
Évidemment, l'Afrique est pauvre. Mais lorsqu'on tient compte du chemin parcouru en 100 ans, elle s'est beaucoup enrichie, et avec des gouvernements sains, une économie de marché et le dur labeur des Africains, la situation pourrait s'améliorer grandement dans les 100 prochaines années.
Souhaitons-le.
Hans Rosling présente ici des données surprenantes et soyez-y pour la fin, qui est aussi très surprenante.
Bref, je suis toujours séduit par quelqu'un qui a une expérience de terrain, dont les idées économiques sont sensées, mais pas nécessairement tirées de déductions mathématiques théoriques.
Et qui confirme ses dires par de belles données crédibles.
Évidemment, l'Afrique est pauvre. Mais lorsqu'on tient compte du chemin parcouru en 100 ans, elle s'est beaucoup enrichie, et avec des gouvernements sains, une économie de marché et le dur labeur des Africains, la situation pourrait s'améliorer grandement dans les 100 prochaines années.
Souhaitons-le.
vendredi 16 avril 2010
Aéro Montréal mise sur l'innovation; faudra mettre la pédale au fond
L'organisme chargé de dynamiser la grappe industrielle de l'aérospatiale a fait part au public aujourd'hui de plusieurs initiatives qui misent sur l'innovation pour que l'industrie montréalaise des avions et des hélicoptères se démarque de la concurrence à court et long termes.
C'est exactement ce qu'il faut faire.
D'autant qu'Embraer dit vouloir annoncer une nouvelle plateforme d'avions de 110 places d'ici la fin de l'année. La concurrence brésilienne de Bombardier ne se laissera donc pas faire, voyant bien que le C Series n'est pas qu'un coup d'épée dans l'eau.
Notons une déclaration de François Caza, président du Chantier Innovation d'Aéro Montréal et vice-président et ingénieur en chef, Ingénierie, Bombardier Aéronautique.
C'est exactement ce qu'il faut faire.
D'autant qu'Embraer dit vouloir annoncer une nouvelle plateforme d'avions de 110 places d'ici la fin de l'année. La concurrence brésilienne de Bombardier ne se laissera donc pas faire, voyant bien que le C Series n'est pas qu'un coup d'épée dans l'eau.
Notons une déclaration de François Caza, président du Chantier Innovation d'Aéro Montréal et vice-président et ingénieur en chef, Ingénierie, Bombardier Aéronautique.
Il sera essentiel de développer et mettre en œuvre (...) un programme de rehaussement des capacités d'innovation des PME membres de la grappe, ainsi que des mécanismes de collaboration entre les donneurs d'ordre et les PME sous-traitantes, dans le but de qualifier les PME pour qu'elles deviennent non seulement des fournisseurs, mais aussi des innovateurs de classe mondiale.Les Bombardier et Pratt & Whitney Canada innovent beaucoup. Mais dès lors, les PME vont devoir innover encore plus. Le message est assez clair.
Bonne nouvelle pour les travailleurs canadiens de l'automobile
Bonne nouvelle pour les travailleurs canadiens de l'automobile. Les ventes de voitures construites en Amérique du Nord ont grimpé en février.
Attention, ceci inclut les voitures de toutes marques qui sont assemblées au Canada, aux États-Unis ou au Mexique. Ainsi, les berlines Volkswagen, Toyota et Honda construites sur notre continent semblent se vendre autant que les Ford, GM et Dodge.
Selon Statistique Canada:
La morale de cette histoire: les constructeurs étrangers ont décidé d'assembler dans l'espace ALÉNA leurs modèles les plus populaires. C'est logique. Corolla, Civic, Golf... C'est donc normal que les ventes de ces modèles décolle.
La bonne nouvelle, c'est que ça crée des emplois chez nous.
Attention, ceci inclut les voitures de toutes marques qui sont assemblées au Canada, aux États-Unis ou au Mexique. Ainsi, les berlines Volkswagen, Toyota et Honda construites sur notre continent semblent se vendre autant que les Ford, GM et Dodge.
Selon Statistique Canada:
Les ventes de voitures particulières construites en Amérique du Nord ont augmenté de 10,1 %, ce qui a annulé en grande partie la diminution enregistrée en janvier. Le nombre de voitures particulières construites outre-mer vendues a progressé de 5,9 %, soit une deuxième hausse mensuelle consécutive.
La morale de cette histoire: les constructeurs étrangers ont décidé d'assembler dans l'espace ALÉNA leurs modèles les plus populaires. C'est logique. Corolla, Civic, Golf... C'est donc normal que les ventes de ces modèles décolle.
La bonne nouvelle, c'est que ça crée des emplois chez nous.
lundi 3 décembre 2007
Se battre contre les Chinois... en Afrique
Signe des temps, le Mozambique a traduit cet été son code du travail en mandarin pour satisfaire les sociétés chinoises qui y construisent de nombreuses infrastructures.
La méthode chinoise ne fait pas que des heureux. Pékin veut le pétrole, et n'hésite pas à transiger avec les régimes douteux de l'Angola, du Soudan et du Zimbabwe. Des pays corrompus qui participent à des campagnes de nettoyage ethniques ou des conflits armés. Et les sociétés chinoises rechignent à se faire imposer des conditions. Elles refusent souvent, par exemple, de faire travailler des Africains sur leurs chantiers.
Un hic majeur pour le gouvernement d'Afrique du Sud - un des mieux outillés de l'Afrique subsaharienne - qui exige que des Noirs participent aux travaux et même au quart du capital-actions de projets majeurs. Cette politique du Black Economic Empowerment (BEE) ne passe pas bien chez les Chinois, dit Sanusha Naidu, professeur à l'université Stellenbosch, près du Cap. Elle indique que des entreprises chinoises ont tout de même accepté un contrat BEE pour refaire une partie du port de Richard's Bay, un complexe métallurgique.
Habitués à se faufiler entre les intérêts des Européens et des Américains, les ingénieurs québécois doivent maintenant se battre contre les Chinois pour leur place sous le soleil africain.
Les Chinois sont de plus en plus présents dans la construction d'infrastructures, affirme Marc Parent, président de Tecsult International, une filiale de Tecsult.
Palais de culture, stades, routes, centrales énergétiques, les Chinois peuvent tout construire à des prix imbattables. Selon Pékin, pas moins de 780 000 ouvriers chinois sont en Afrique pour réaliser des travaux de toutes sortes. Un chiffre conservateur, aux yeux de plusieurs.
D'autant qu'ils adorent les méga-projets, dit Hamidou Mamadou Abdou, vice-président, international, chez CIMA +, de Laval. Il les connaît bien. Ce Nigérien a vécu cinq ans en Chine, le temps de terminer un Bac en génie. Les dirigeants africains, dit-il, apprécient plusieurs aspects de leur " partenariat " avec la Chine. Bas coûts, goût pour les grands projets, vision à long terme et surtout, une attitude moins paternaliste que celle des Occidentaux.
" La Chine dit "Je suis pauvre. Je suis comme vous". Eh bon Dieu ! La plupart des pays africains ont bien accueilli cette vision des choses ", dit Hamidou Mamadou Abdou.
Made by China
Dans l'ombre du dragon chinois, y a-t-il de la place en Afrique pour les ingénieurs québécois ?
Pour des sociétés intégrées, comme SNC-Lavalin, l'Afrique demeure un marché intéressant. Mais SNC préfère les contrats hyper-spécialisés plutôt que de construire des routes et ponts, dit Claude Proulx, analyste chez BMO Marchés des capitaux. Par exemple, la société a récemment obtenu le mandat de l'ingénierie de détail de l'aluminerie Coega, un projet de Rio Tinto Alcan en Afrique du Sud. L'expertise des Chinois n'est pas encore suffisante pour pouvoir concurrencer SNC.
Les Chinois ont aussi besoin d'expertises de l'extérieur pour réaliser les plans détaillés, qui ne sont pas faits avant l'octroi d'un contrat. C'est plutôt la tradition européenne qui y prédomine, selon laquelle les plans détaillés sont réalisés après la signature.
Ainsi, même si les Québécois n'ont pas de chance avec les travaux de construction, ils peuvent se greffer aux entrepreneurs gagnants. Ce que font déjà Tecsult et CIMA +. Pour les plus petites sociétés québécoises de génie-conseil, celles qui se contentent de dessiner les plans, la présence des Chinois en Afrique représente une occasion d'affaires en or, dit M. Mamadou Abdou.
Ce dernier supervise personnellement les travaux de Henan-Chine, une société chinoise mandatée pour réaliser des travaux majeurs de voirie dans la ville de Touba, au Sénégal.
Malgré les avantages des Chinois, dit-il, les Africains se rendent à l'évidence : la Chine est encore un pays " en développement " et les travaux de leurs ingénieurs ne répondent pas toujours aux normes de qualité occidentales. Les gouvernements qui paient la note n'ont pas envie de se retrouver avec des infrastructures à refaire après seulement 5 ou 10 ans.
Mais pour gagner plus de contrats, les ingénieurs québécois devront s'activer. Ils sont devenus pantouflards, admet Marc Parent.
" Il faudra ouvrir plus de bureaux locaux. Il faut devenir comme une vraie multinationale. Si on reste à Montréal et qu'on attend que les Chinois viennent nous donner du travail en Angola, on va attendre longtemps ! " dit-il.
n
Tiré du journal Les Affaires du 1er décembre 2007.
La méthode chinoise ne fait pas que des heureux. Pékin veut le pétrole, et n'hésite pas à transiger avec les régimes douteux de l'Angola, du Soudan et du Zimbabwe. Des pays corrompus qui participent à des campagnes de nettoyage ethniques ou des conflits armés. Et les sociétés chinoises rechignent à se faire imposer des conditions. Elles refusent souvent, par exemple, de faire travailler des Africains sur leurs chantiers.
Un hic majeur pour le gouvernement d'Afrique du Sud - un des mieux outillés de l'Afrique subsaharienne - qui exige que des Noirs participent aux travaux et même au quart du capital-actions de projets majeurs. Cette politique du Black Economic Empowerment (BEE) ne passe pas bien chez les Chinois, dit Sanusha Naidu, professeur à l'université Stellenbosch, près du Cap. Elle indique que des entreprises chinoises ont tout de même accepté un contrat BEE pour refaire une partie du port de Richard's Bay, un complexe métallurgique.
Habitués à se faufiler entre les intérêts des Européens et des Américains, les ingénieurs québécois doivent maintenant se battre contre les Chinois pour leur place sous le soleil africain.
Les Chinois sont de plus en plus présents dans la construction d'infrastructures, affirme Marc Parent, président de Tecsult International, une filiale de Tecsult.
Palais de culture, stades, routes, centrales énergétiques, les Chinois peuvent tout construire à des prix imbattables. Selon Pékin, pas moins de 780 000 ouvriers chinois sont en Afrique pour réaliser des travaux de toutes sortes. Un chiffre conservateur, aux yeux de plusieurs.
D'autant qu'ils adorent les méga-projets, dit Hamidou Mamadou Abdou, vice-président, international, chez CIMA +, de Laval. Il les connaît bien. Ce Nigérien a vécu cinq ans en Chine, le temps de terminer un Bac en génie. Les dirigeants africains, dit-il, apprécient plusieurs aspects de leur " partenariat " avec la Chine. Bas coûts, goût pour les grands projets, vision à long terme et surtout, une attitude moins paternaliste que celle des Occidentaux.
" La Chine dit "Je suis pauvre. Je suis comme vous". Eh bon Dieu ! La plupart des pays africains ont bien accueilli cette vision des choses ", dit Hamidou Mamadou Abdou.
Made by China
Dans l'ombre du dragon chinois, y a-t-il de la place en Afrique pour les ingénieurs québécois ?
Pour des sociétés intégrées, comme SNC-Lavalin, l'Afrique demeure un marché intéressant. Mais SNC préfère les contrats hyper-spécialisés plutôt que de construire des routes et ponts, dit Claude Proulx, analyste chez BMO Marchés des capitaux. Par exemple, la société a récemment obtenu le mandat de l'ingénierie de détail de l'aluminerie Coega, un projet de Rio Tinto Alcan en Afrique du Sud. L'expertise des Chinois n'est pas encore suffisante pour pouvoir concurrencer SNC.
Les Chinois ont aussi besoin d'expertises de l'extérieur pour réaliser les plans détaillés, qui ne sont pas faits avant l'octroi d'un contrat. C'est plutôt la tradition européenne qui y prédomine, selon laquelle les plans détaillés sont réalisés après la signature.
Ainsi, même si les Québécois n'ont pas de chance avec les travaux de construction, ils peuvent se greffer aux entrepreneurs gagnants. Ce que font déjà Tecsult et CIMA +. Pour les plus petites sociétés québécoises de génie-conseil, celles qui se contentent de dessiner les plans, la présence des Chinois en Afrique représente une occasion d'affaires en or, dit M. Mamadou Abdou.
Ce dernier supervise personnellement les travaux de Henan-Chine, une société chinoise mandatée pour réaliser des travaux majeurs de voirie dans la ville de Touba, au Sénégal.
Malgré les avantages des Chinois, dit-il, les Africains se rendent à l'évidence : la Chine est encore un pays " en développement " et les travaux de leurs ingénieurs ne répondent pas toujours aux normes de qualité occidentales. Les gouvernements qui paient la note n'ont pas envie de se retrouver avec des infrastructures à refaire après seulement 5 ou 10 ans.
Mais pour gagner plus de contrats, les ingénieurs québécois devront s'activer. Ils sont devenus pantouflards, admet Marc Parent.
" Il faudra ouvrir plus de bureaux locaux. Il faut devenir comme une vraie multinationale. Si on reste à Montréal et qu'on attend que les Chinois viennent nous donner du travail en Angola, on va attendre longtemps ! " dit-il.
n
Tiré du journal Les Affaires du 1er décembre 2007.
jeudi 22 novembre 2007
Le miracle albertain
Écrire sur les entreprises francophones hors-québec est pour moi un privilège. Franco-Ontarien d'origine, ça me fait toujours plaisir d'aider les Québécois à en savoir un peu plus sur la francophonie canadienne.
C'est justement ce qu'a fait Gilles Filiatreault, un entrepreneur en construction de Terrebonne qui est installé à Edmonton depuis cet été. C'est un vrai évangélisateur de l'Alberta...
Il a trouvé le bonheur dans les prés albertains où ses maisons poussent comme des champignons.
En bordure de la petite ville de Lamont, à 35 minutes au nord d'Edmonton, M. Filiatreault a trouvé un filon très payant. Lamont se trouve sur la pointe est du Upgrader Triangle de l'Alberta. Il s'agit d'une zone de 30 kilomètres carrés entre les villes de Lamont, de Fort Saskatchewan et de Redwater, au nord-est d'Edmonton. La région réçoit déjà des milliards de dollars d'investissements pour la construction de pas moins de cinq unités de valorisation du pétrole (upgrader) venant des champs de sables bitumineux de Fort McMurray, à 300 kilomètres au nord ! On pourrait comparer ces unités à des raffineries primaires.
Pour Construction Jabneel, la société de M. Filiatreault, c'est l'euphorie.
" Je ne vois pas le jour où je voudrais revenir au Québec ", a-t-il confié au journal Les Affaires au cours d'un entretien téléphonique.
Il dit avoir quitté Terrebonne, en banlieue de Montréal, pour de bon. Après quatre années de voyages d'affaires, il a installé sa famille à Edmonton cet été. Depuis, il roule sur l'or. En quelques mois, son projet domiciliaire de Lamont s'est multiplié par 100. Plutôt que 20, il est à construire 2 000 maisons.
La région bénéficie d'une double vague d'immigration, explique-t-il. Dans un premier temps, des travailleurs sont venus construire les puits de pétrole et les raffineries. Ce travail n'est pas terminé que, déjà, une deuxième vague de travailleurs arrivent pour assurer l'exploitation des nouveaux équipements. Tout ce monde a besoin d'un toit.
Ce succès d'un Québécois dans le reste du Canada ne s'est pas réalisé sans l'aide de la communauté francophone locale. Il répète à qui veut l'entendre que les Franco- Albertains sont des gens accueillants et chaleureux qui l'ont aidé à s'intégrer dans les cercles d'affaires de l'endroit. " Les francophones de l'Alberta se tiennent. Ils sont solidaires et ils s'entraident. "
La suite dans Les Affaires du 10 novembre dernier.
C'est justement ce qu'a fait Gilles Filiatreault, un entrepreneur en construction de Terrebonne qui est installé à Edmonton depuis cet été. C'est un vrai évangélisateur de l'Alberta...
Il a trouvé le bonheur dans les prés albertains où ses maisons poussent comme des champignons.
En bordure de la petite ville de Lamont, à 35 minutes au nord d'Edmonton, M. Filiatreault a trouvé un filon très payant. Lamont se trouve sur la pointe est du Upgrader Triangle de l'Alberta. Il s'agit d'une zone de 30 kilomètres carrés entre les villes de Lamont, de Fort Saskatchewan et de Redwater, au nord-est d'Edmonton. La région réçoit déjà des milliards de dollars d'investissements pour la construction de pas moins de cinq unités de valorisation du pétrole (upgrader) venant des champs de sables bitumineux de Fort McMurray, à 300 kilomètres au nord ! On pourrait comparer ces unités à des raffineries primaires.
Pour Construction Jabneel, la société de M. Filiatreault, c'est l'euphorie.
" Je ne vois pas le jour où je voudrais revenir au Québec ", a-t-il confié au journal Les Affaires au cours d'un entretien téléphonique.
Il dit avoir quitté Terrebonne, en banlieue de Montréal, pour de bon. Après quatre années de voyages d'affaires, il a installé sa famille à Edmonton cet été. Depuis, il roule sur l'or. En quelques mois, son projet domiciliaire de Lamont s'est multiplié par 100. Plutôt que 20, il est à construire 2 000 maisons.
La région bénéficie d'une double vague d'immigration, explique-t-il. Dans un premier temps, des travailleurs sont venus construire les puits de pétrole et les raffineries. Ce travail n'est pas terminé que, déjà, une deuxième vague de travailleurs arrivent pour assurer l'exploitation des nouveaux équipements. Tout ce monde a besoin d'un toit.
Ce succès d'un Québécois dans le reste du Canada ne s'est pas réalisé sans l'aide de la communauté francophone locale. Il répète à qui veut l'entendre que les Franco- Albertains sont des gens accueillants et chaleureux qui l'ont aidé à s'intégrer dans les cercles d'affaires de l'endroit. " Les francophones de l'Alberta se tiennent. Ils sont solidaires et ils s'entraident. "
La suite dans Les Affaires du 10 novembre dernier.
mercredi 13 septembre 2006
Tireur fou à Dawson
Après avoir passé quelques longues minutes, tout au long de la journée, à voir ces événements horribles se dérouler à la télé, je ne peux m'empêcher que de penser à ce qui pouvait bien motiver ce jeune homme, dont on connaîtra sans doute l'identité dans les prochaines heures, à ouvrir le feu dans une cafétéria du Collège Dawson.
Bien sûr, nous avons tous détesté, à un moment ou un autre, l'expérience de l'école secondaire ou du cégep. On a eu des instants de dégoût pour la superficialité de certaines personnes et la dynamique de groupes de masse, et ses inévitables clans. Mais ce ne serait pas une explication. À ce que je sache, Dawson n'était pas un nid de vipères où régnait le taxage et l'intimidation...
Mais qu'avait-il en tête?
Bien sûr, nous avons tous détesté, à un moment ou un autre, l'expérience de l'école secondaire ou du cégep. On a eu des instants de dégoût pour la superficialité de certaines personnes et la dynamique de groupes de masse, et ses inévitables clans. Mais ce ne serait pas une explication. À ce que je sache, Dawson n'était pas un nid de vipères où régnait le taxage et l'intimidation...
Mais qu'avait-il en tête?
vendredi 8 septembre 2006
La valorisation de la recherche sera-t-elle un jour rentable?
Cette semaine, le journal LES AFFAIRES publie un dossier sur la Valorisation de la recherche dans lequel je signe quelques textes. La question primordiale demeure le fait que le gouvernement du Québec doit encore et toujours financer des organismes de valorisation de technologies issues des universités, alors qu'elles ont toutes au moins cinq annnées d'existance.
(L'article n'est pas disponible sur le web, il faut lire la copie papier)
Un lecteur me fait remarquer un point très valide par courriel qui va directement dans le sens du propos de M. Camille Limoges, cité dans mon article.
Sylvain Durocher, Analyste technique des affaires, de l'Institut canadien de l'information scientifique et technique à Boucherville, m'écrit « L’espoir ou l’objectif d’atteindre l’autofinancement à court terme des quatre sociétés de valorisation tient tout simplement d’un manque total de connaissance et de compréhension du domaine de l’innovation technologique et de sa dynamique. L’innovation est une course de fond, pas un sprint. »
Ma réflexion personnelle: la valorisation est un travail passionnant qui permet d'espérer de grandes retombées professionnelles pour les chercheurs impliqués. La valeur économique de leurs innovations tend à nous décevoir, mais c'est bien là le travail de l'université, soit de trouver ce que le marché ne pourrait même pas commencer à chercher. Nécessairement, la rentabilité est plus difficile.
Ceci dit, l'innovation selon moi est un phénomène plus large que celle qu'on espère des universités. Si, pendant longtemps, nous avons collectivement misé nos billes sur une économie de ressources, à faible valeur ajoutée, ça a été une erreur. Mais l'innovation qu'il nous faut pour construire une économie à haute valeur ajoutée peut -- et doit -- venir de partout, même des 'shops' où on ne trouve pas d'ingénieurs. Et parfois, c'est justement cette innovation-là qui est la plus rentable, à la fois socialement et commercialement.
(L'article n'est pas disponible sur le web, il faut lire la copie papier)
Un lecteur me fait remarquer un point très valide par courriel qui va directement dans le sens du propos de M. Camille Limoges, cité dans mon article.
Sylvain Durocher, Analyste technique des affaires, de l'Institut canadien de l'information scientifique et technique à Boucherville, m'écrit « L’espoir ou l’objectif d’atteindre l’autofinancement à court terme des quatre sociétés de valorisation tient tout simplement d’un manque total de connaissance et de compréhension du domaine de l’innovation technologique et de sa dynamique. L’innovation est une course de fond, pas un sprint. »
Ma réflexion personnelle: la valorisation est un travail passionnant qui permet d'espérer de grandes retombées professionnelles pour les chercheurs impliqués. La valeur économique de leurs innovations tend à nous décevoir, mais c'est bien là le travail de l'université, soit de trouver ce que le marché ne pourrait même pas commencer à chercher. Nécessairement, la rentabilité est plus difficile.
Ceci dit, l'innovation selon moi est un phénomène plus large que celle qu'on espère des universités. Si, pendant longtemps, nous avons collectivement misé nos billes sur une économie de ressources, à faible valeur ajoutée, ça a été une erreur. Mais l'innovation qu'il nous faut pour construire une économie à haute valeur ajoutée peut -- et doit -- venir de partout, même des 'shops' où on ne trouve pas d'ingénieurs. Et parfois, c'est justement cette innovation-là qui est la plus rentable, à la fois socialement et commercialement.
mercredi 23 août 2006
À quand l'éolienne urbaine?
Je pose une question, à quand l'éolienne en milieu urbain? Je me désole de la réponse qui m'est fournie par mon centre personnel d'analyse politico-technique...
Ben oui, les éoliennes ont trouvé leur place sur les tablettes de Canadian Tire. Mais cette éolienne produit peu d'électricité pour le prix. Et la plupart des propriétaires de maisons de banlieue rechigneront à installer une tour suffisamment haute pour maximiser son efficacité. Car si jamais elle tombe, ce sera dans la piscine du troisième voisin!
L'autre possibilité serait d'installer de massives éoliennes sur les édifices ou dans les parcs de stationnement. Mais quel gestionnaire immobilier voudrait faire ça quand l'électricité de Hydro-Québec coûte si peu cher?
Ben oui, les éoliennes ont trouvé leur place sur les tablettes de Canadian Tire. Mais cette éolienne produit peu d'électricité pour le prix. Et la plupart des propriétaires de maisons de banlieue rechigneront à installer une tour suffisamment haute pour maximiser son efficacité. Car si jamais elle tombe, ce sera dans la piscine du troisième voisin!
L'autre possibilité serait d'installer de massives éoliennes sur les édifices ou dans les parcs de stationnement. Mais quel gestionnaire immobilier voudrait faire ça quand l'électricité de Hydro-Québec coûte si peu cher?
lundi 29 mai 2006
La grève du transport en commun coute 10 M$ à l'économie de Toronto
Les charmants Torontois ont compris ce matin - ils le savaient sans doute déjà - quel était le coût du transport en commun pour l'économie.
Pour ceux qui en doutaient, le Globe and Mail (http://makeashorterlink.com/?F11E25E2D) a pris la peine de demander à un économiste de la TD de le chiffrer. Son calcul: 10 M$ pour la seule journée de lundi.
Bien sûr, il y a des bémols... Si la grève est plus longue, les gens s'organisent autrement. Et les taxis en ont bien profité.
Il faut dire que Toronto est la locomotive du train économique canadien. Si le centre-ville est le four qui produit la vapeur et fait tourner les roues, les travailleurs sont le charbon et le train de banlieue est la pelle qui fournit le charbon.
Or, la pelle a décidé ce matin de ne plus fournir en charbon.
Ce qu'il y a d'amusant c'est que s'il y a une ville au Canada où tout a un prix, c'est bien la Ville-Reine. Alors, oui, le transport en commun a un prix pour l'économie. Je trouve ça plate pour les entreprises et les travailleurs qui se sont retrouvés obligés de marcher, de prendre un taxi, ou de manquer une journée de travail. Mais de pouvoir chiffrer la valeur d'un bien public, et d'en mesurer l'impact réel sur ceux qui forment l'opinion publique... c'est quand même intéressant.
Reste à prouver aux élus qu'un dollar investit dans les trains, les métros et les autobus vaut beaucoup plus que celui qui sert à élargir les autoroutes.
Pour ceux qui en doutaient, le Globe and Mail (http://makeashorterlink.com/?F11E25E2D) a pris la peine de demander à un économiste de la TD de le chiffrer. Son calcul: 10 M$ pour la seule journée de lundi.
Bien sûr, il y a des bémols... Si la grève est plus longue, les gens s'organisent autrement. Et les taxis en ont bien profité.
Il faut dire que Toronto est la locomotive du train économique canadien. Si le centre-ville est le four qui produit la vapeur et fait tourner les roues, les travailleurs sont le charbon et le train de banlieue est la pelle qui fournit le charbon.
Or, la pelle a décidé ce matin de ne plus fournir en charbon.
Ce qu'il y a d'amusant c'est que s'il y a une ville au Canada où tout a un prix, c'est bien la Ville-Reine. Alors, oui, le transport en commun a un prix pour l'économie. Je trouve ça plate pour les entreprises et les travailleurs qui se sont retrouvés obligés de marcher, de prendre un taxi, ou de manquer une journée de travail. Mais de pouvoir chiffrer la valeur d'un bien public, et d'en mesurer l'impact réel sur ceux qui forment l'opinion publique... c'est quand même intéressant.
Reste à prouver aux élus qu'un dollar investit dans les trains, les métros et les autobus vaut beaucoup plus que celui qui sert à élargir les autoroutes.
vendredi 5 mai 2006
Jane Jacobs mérite un prix Nobel
Lorsque j'ai appris que Jane Jacobs était décédée, la semaine dernière, je n'étais pas surpris de voir que la presse montréalaise n'a daigné que souligner l'événement comme un fait divers.
Bien que je n'en étais pas surpris, cette minime couverture m'a attristée. Mme Jacobs était pour moi un véritable maître à penser. J'ai dévoré tous ses livres, surtout The Economy of Cities. C'est grâce à elle si je me suis rendu compte qu'une économie tient essentiellement à ses villes.
Que l'architecture peut jouer un rôle pour augmenter l'innovation, du moins multiplier les occasions de mise en marché.
Que les cycles du compte courant métropolitain peuvent largement différer des flux internationaux des régions ressources ou de production manufacturière.
Que les villes dynamiques se nourrissent les unes des autres, ce qui crée encore plus de richesse.
Que toute cette richesse sert souvent à créer des empires.
Que chaque ville devrait avoir sa propre monnaie.
Que la diversité industrielle est condition nécessaire à l'innovation à grande échelle.
Que malgré toutes les conditions nécessaires à la croissance d'une ville, il en demeure qu'il n'existe pas de conditions suffisantes. Il reste une part de mystère à savoir pourquoi certaines villes croissent, et d'autres non.
Je pourrais continuer.
Ces idées sont absolument importantes pour le développement économique, pour l'innovation, pour la résolution de problèmes urbains, tels que la congestion et la pollution.
Je sais bien que la Banque centrale de Suède ne lui remettra jamais un de ses faux nobels. Mais elle en mérite un quand même. La journaliste du New York Times a fait ce que personne ne pouvait. Elle nous a expliqué le fonctionnement des villes. Et c'est à la base, une fascinante question d'économie.
Bien que je n'en étais pas surpris, cette minime couverture m'a attristée. Mme Jacobs était pour moi un véritable maître à penser. J'ai dévoré tous ses livres, surtout The Economy of Cities. C'est grâce à elle si je me suis rendu compte qu'une économie tient essentiellement à ses villes.
Que l'architecture peut jouer un rôle pour augmenter l'innovation, du moins multiplier les occasions de mise en marché.
Que les cycles du compte courant métropolitain peuvent largement différer des flux internationaux des régions ressources ou de production manufacturière.
Que les villes dynamiques se nourrissent les unes des autres, ce qui crée encore plus de richesse.
Que toute cette richesse sert souvent à créer des empires.
Que chaque ville devrait avoir sa propre monnaie.
Que la diversité industrielle est condition nécessaire à l'innovation à grande échelle.
Que malgré toutes les conditions nécessaires à la croissance d'une ville, il en demeure qu'il n'existe pas de conditions suffisantes. Il reste une part de mystère à savoir pourquoi certaines villes croissent, et d'autres non.
Je pourrais continuer.
Ces idées sont absolument importantes pour le développement économique, pour l'innovation, pour la résolution de problèmes urbains, tels que la congestion et la pollution.
Je sais bien que la Banque centrale de Suède ne lui remettra jamais un de ses faux nobels. Mais elle en mérite un quand même. La journaliste du New York Times a fait ce que personne ne pouvait. Elle nous a expliqué le fonctionnement des villes. Et c'est à la base, une fascinante question d'économie.
dimanche 15 janvier 2006
Valoriser les valorisateurs
Le Bulletin Repères RSTI du ministère de Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation que ce dernier a rendu public le Rapport du Groupe de travail sur la valorisation des résultats de la recherche.
On parle bien sûr d'un document qui doit aider le gouvernement Charest à mieux définir son implication quant à la commercialisation des découvertes scientifiques et inventions de chercheurs universitaires.
Le rapport suggère une série d'objectifs que devrait viser le gouvernement.
1) renforcer le système d’innovation pour une meilleure performance en valorisation;
2) accélérer le développement de technologies à haut potentiel commercial;
3) assurer une gouvernance efficace des infrastructures et des programmes de soutien à la valorisation;
4) permettre aux universités en région d’accroître leur impact économique;
5) favoriser le transfert de technologies vers les PME québécoises;
6) créer un maillage exemplaire des intervenants en valorisation entre eux ainsi qu’avec les partenaires financiers, industriels et commerciaux.
Ces bonnes intentions ne nous disent toujours pas ce que va faire le gouvernement. Pour l'instant, l'organisme Valorisation Recherche Québec ne sait pas si son mandat sera renouvelé après sa fin prévue au printemps 2006.
Plusieurs capitaux-risqueurs - du secteur privé -, par exemple, estiment que c'en est assez et que Charest devrait laisser tomber la hache sur VRQ, dont l'administration serait trop lourde. Pour assurer sa survie, il faudrait renflouer VRQ avec de nouveaux millions. VRQ a quatre filiales qui se partagent les différentes universités du Québec. Une des plus dynamiques, MSBI (McGill Sherbrooke Bishops) a réalisé récemment un placement privé dans la boîte d'appareils médicaux Resonant Medical de Sherbrooke.
Rappelons que le gouvernement achève à peine sa restructuration du capital-risque public. La SGF et la Caisse commencent à peine à réinvestir dans les petites entreprises techno, Innovatech a été vendue et les fonds FIER n'ont pas encore réalisé leurs premiers investissements.
Ceci dit, plusieurs fonds privés canadiens et américains s'intéressent à Montréal et à notre science. Mais il se dégage aussi un consensus comme quoi les universitaires sont nuls en affaires. Les capitaux-risqueurs estiment qu'ils devraient s'en tenir à la recherche.
Bref, le rapport ne dit pas où s'en va Charest. Il faudra suivre l'histoire de près.
On parle bien sûr d'un document qui doit aider le gouvernement Charest à mieux définir son implication quant à la commercialisation des découvertes scientifiques et inventions de chercheurs universitaires.
Le rapport suggère une série d'objectifs que devrait viser le gouvernement.
1) renforcer le système d’innovation pour une meilleure performance en valorisation;
2) accélérer le développement de technologies à haut potentiel commercial;
3) assurer une gouvernance efficace des infrastructures et des programmes de soutien à la valorisation;
4) permettre aux universités en région d’accroître leur impact économique;
5) favoriser le transfert de technologies vers les PME québécoises;
6) créer un maillage exemplaire des intervenants en valorisation entre eux ainsi qu’avec les partenaires financiers, industriels et commerciaux.
Ces bonnes intentions ne nous disent toujours pas ce que va faire le gouvernement. Pour l'instant, l'organisme Valorisation Recherche Québec ne sait pas si son mandat sera renouvelé après sa fin prévue au printemps 2006.
Plusieurs capitaux-risqueurs - du secteur privé -, par exemple, estiment que c'en est assez et que Charest devrait laisser tomber la hache sur VRQ, dont l'administration serait trop lourde. Pour assurer sa survie, il faudrait renflouer VRQ avec de nouveaux millions. VRQ a quatre filiales qui se partagent les différentes universités du Québec. Une des plus dynamiques, MSBI (McGill Sherbrooke Bishops) a réalisé récemment un placement privé dans la boîte d'appareils médicaux Resonant Medical de Sherbrooke.
Rappelons que le gouvernement achève à peine sa restructuration du capital-risque public. La SGF et la Caisse commencent à peine à réinvestir dans les petites entreprises techno, Innovatech a été vendue et les fonds FIER n'ont pas encore réalisé leurs premiers investissements.
Ceci dit, plusieurs fonds privés canadiens et américains s'intéressent à Montréal et à notre science. Mais il se dégage aussi un consensus comme quoi les universitaires sont nuls en affaires. Les capitaux-risqueurs estiment qu'ils devraient s'en tenir à la recherche.
Bref, le rapport ne dit pas où s'en va Charest. Il faudra suivre l'histoire de près.
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